L'AVENEMENT D'ATHENES ( IV )
Le stratagème de Xanthippe
Le trajet en trière avait était paisible pour Xanthippe et il avait ainsi pu réfléchir longuement à sa situation.Il ne voulait clairement pas être mis au pas dans cette guerre, et au delà même de penser à la réussite des Athéniens, c'est surtout à la sienne qu'il songeait.
La cité d'Erétrie était le bastion des démocrates, et son père, Hippocrate, en était le gouverneur.
Un grand banquet avait été organisé pour son arrivée, l'ambiance y était très chaleureuse.
Mais la venue d'Aristonymos sur l'île d'Eubée précipita les événements :Il était un ami de longue date d'Hippocrate et comme un deuxième père pour Xanthippe. Considéré comme l'un des plus éminents défenseur des idées Clisthène, il avait réussi à les diffuser à travers la Grèce et plus largement chez les Ioniens.Ces derniers, bien que très réceptifs et ayant même été les premiers à tenter de les appliquer, étaient maintenant en conflit permanent avec les barbares perses de l'orient. Aristonymos était d'ailleurs l'un des rares à les avoir longuement côtoyé durant ses quelques années passés à Milet, capitale de Ionie, et ses récits en étaient à chaque fois plus effrayant.
Sa venue en ce jour en Erétrie était assez surprenante mais d'une importance capitale puisqu'il les mit au courant des dernières nouvelles de la guerre, de l'exploit d'Aristide à Platée, arrivant juste à temps pour repousser les Thébains, mais aussi de la suite, bien plus sombre …Je prendrais le temps d'en expliquer les moindres détails prochainement, mais tenons-nous en pour le moment aux faits que les armées Béotiennes étaient toutes au Sud, laissant ainsi l'île d'Eubée, et plus précisément la cité de Chalcis, récemment conquise par Thèbes, très faiblement défendue.
Xanthippe avait alors à portée de main ce qu'il espérait tant.
Les seuls ordres qu'il avait reçu d'Hippias étaient de partir pour l'Erétrie et ne revenir à Athènes qu'à la fin de la guerre. Il pouvait donc marcher sur Chalcis, la prendre à l'ennemi puis revenir à Athènes en héros.
Mais son père était tout à fait contre cette idée, et espérait bien raisonner son fils...
« Comment vas-tu bien pouvoir prendre une cité à toi tout seul ?
Voyons, père, de combien d'homme disposes-tu ici ? Les Erétriens t'aiment et te suivrons sans poser de questions …
Me suivre ? A mon âge, partir à la guerre ? Soyons raisonnable un instant …
Hippocrate, ton fils n'a pas tord ! Ce sac à vin d'Hippias pense être plus malin que nous... Ce plan à certes l'air irréalisable, mais pense à la réaction de ce chien quand il l'apprendra ?
Aristonymos, je savais que je pouvais compter sur toi; répondit Xanthippe. Nous devrions partir le plus rapidement possible et les surprendre.
Doucement mon garçon, je t'aiderais volontiers aux préparatifs ; mais je crains de ne plus être en âge de me battre moi aussi.
J'irais donc seul !Ils se tournèrent vers Hippocrate, en pleine réflexion …
« - Je dois bien admettre que je serais prêt à tout pour voir la réaction d'Hippias quand il apprendra que les clefs de Chalcis sont à nous ! Mais je n'ai que peu d'hommes ici… peut être 1500 hoplites …. et pas de cavalerie.
Sans savoir qu'elles sont les forces qui défendent la ville, ceci serait du suicide. »
Les trois se regardèrent pendant un instant, espérant qu'une idée surgirait chez l'autre.
« - La flotte d'Aristratos n'est pas encore repartit n'est-ce pas ? Demanda Xanthippe
Effectivement, ils sont toujours là, où veux-tu en venir ?
Demandons leur de venir avec nous, l'on pourrait réquisitionner quelques 300 marins.
Voyons, ils ne savent même pas marcher sur la terre ferme et ne connaissent rien d'autre que les trières et les rames ! Ils se feraient tailler en pièces par les plus mauvaises hoplites macédoniennes. Répliqua Hippocrate
Je pense que tu te trompes père, ils pourraient faire au contraire de bon soldats.
Le triérarque Aristratos est un ami et à toujours était loyal envers nous. Sa haine d'Hippias est au moins aussi grande que la notre et il nous suffira de payer grassement ses hommes pour qu'ils nous suivent à la guerre ! »Jamais encore des marins ne s'étaient battues auprès des hoplites lors d'une bataille mais Xanthippe était confiant dans leurs chances de réussites.
La cité de Chalcis, plus à l'Ouest d'Erétrie, était la deuxième grande cité de l'île d'Eubée. Sa position était stratégique car permettant le contrôle du seul accès terrestre entre l'île et la Grèce. Récemment conquise par Thèbes, ses habitants seraient sûrement très peu enclin à se battre à leurs côtés. Toute l'attention de la guerre étant portée sur la Béotie, personne ne s'attendrait à une attaque de ce côté-ci.
Un mois plus tard, l'armée était prête pour le départ. Convaincre Aristratos n'avait pas été compliqué au contraire de ses hommes, bien réticent à l'idée de se battre face à des hoplites et il avait fallu les payer assez grassement pour louer leurs services.Mais alors que Xanthippe menait son armée le long de la côte, il fut surpris d'apprendre de par ses éclaireurs que leurs ennemis, à peine furent-t-ils informés de ce qui se tramait, s'étaient rapidement dirigé vers eux.
Il était donc clair que les Thébains n'avait pas voulu se retrouver assiéger, une révolte populaire étant, dans ces conditions, ingérable.
C'est donc dans les champs du Lelantin que les deux armées s'affrontèrent, à égale distance entre les deux cités.
Nos ennemis étaient sous ordre du gouverneur de Chalcis en personne, Eurymachos de Thèbes, et disposaient des redoutables hoplites thespiennes.
Bataille de Lefkanfi
Disposition
Les marins athéniens sont disposés sur les deux flancs de l'armée, leur rôle consistant à prendre à revers les hoplites ennemis. Xanthippe connaissait parfaitement la faiblesse de ces soldats, et sa tactique consistait à minimiser le temps qu'ils passeront au corps à corps avec les thespiens.
L'armée thébaine est elle séparé en deux, une partie arrivant tout droit de Chalcis et l'autre de la mer.
....
Se plaçant en haut de la colline, les athéniens adoptent une posture défensive, obligeant leurs adversaires à la gravir puis à les charger.
...
Profitant d'une supériorité numérique temporaire, et voyant le flanc droit fixé, Xanthippe ordonne au hoplites de contourner et prendre à revers les thespiens.
Dans le même temps, il demande aux marins du flanc gauche de charger les peltastes ennemis.
...
Pour éviter à l'armée de se retrouver complètement encerclé, la cavalerie thébaine charge instantanément les athéniens. C'est un véritable sacrifice qui à tout de même le mérite de ralentir la manœuvre et ainsi gagner du temps jusqu'à l'arrivée d'Eurymachos.
En effet, la force des cavaleries grecques consiste largement dans leur capacité à harceler leurs adversaires grâce aux javelots puis à charger les unités légères ou l'arrière d'une phalange. Mais elles se révèlent tout à fait inefficace lors d'une charge frontale, donnant le plus souvent lieu à un massacre.
...
Dans le même temps, les peltastes fuient à la vue des marins et ces derniers les poursuivent pendant bien trop longtemps. Ce n'est qu'une fois arrivé au bas de la colline qu'ils décidèrent de stopper leur course et de rebrousser chemin.
Alors donc que les athéniens encerclent peu à peu les phalanges ennemies, Eurymachos arrive enfin au contact, espérant qu'il n'était pas encore trop tard.
Source : L'AVENEMENT D'ATHENES ( RTW )
0 Commentaire
Commentaires recommandés
Il n’y a aucun commentaire à afficher.