L'AVENEMENT D'ATHENES ( X )
La prise de Thespies
Nous devons revenir quelques instants en arrière dans le récit pour comprendre le cours des événements.
Alors que Megaclès était en marche vers Platée, tout comme Neochoros, Miltiade se dirigeait lui vers Thèbes.
Il me semble juste de rappeler qu'un assaut d'une cité fortifié était très difficile, voir impossible. Thèbes était munit d'une longue palissage principalement faite de bois, la rendant assez démunie comparé à d'autres cités. Mais à sa décharge, les coûts d'édification de fortifications en pierres étaient colossales pour ceux ne disposant pas directement des ressources suffisantes.
Miltiade avait conscience qu'un nombre important de troupes étaient encore présents à Thèbes, et que la prise de la cité s'annoncerait plus qu'incertaine.
Avec Neochoros dehors, planant comme une menace dans son dos, un siège était compromis.
Son armée commença donc par saccager les récoltes et arbres fruitiers, comme il était coutume lors des guerres.
Puis, quand les échos de la bataille en cours aux environs de Platée lui parvinrent, Miltiade décida de changer de cap, et de partir vers l'Ouest.
Il est vrai que l'on peut se poser certaines questions quand à sa désobéissance et à la loyauté de son armée.
Mais comme dit précédemment, Hippias était de plus en plus seul à Athènes. Alors que son père, Pisistrate, avait dirigé la cité comme un père, il était lui bien plus tyrannique. Même si certains, comme Megaclès, le servait par loyauté ou d'autres par crainte, la majeure partie des athéniens avaient rejoint les oligarques ou les démocrates.
Ainsi, même si des oppositions s'étaient élevées dans l'armée de Miltiade, les victoires successives lui avait fait gagner un grand respect et tous savaient qu'ils remporteraient la guerre en le suivant.
C'est donc vers la cité de Thespies qu'ils marchaient dorénavant. Elle avait était contrainte par Phrynon à envoyé la majeure partie de ses hoplites, ce qui la rendait très vulnérable. Sa prise entraînerait dans le même temps l'isolation de la cité d'Orchomène, elle aussi sous domination béotienne.
Attaginos de Thèbes était chargé de gérer et commander la cité. Les défenses étant inexistantes, il décida de partir à la rencontre de ses adversaires.
Les thespiens n'était pas favorable à un affrontement et préféraient résoudre le différent par la diplomatie.
Attaginos fit un long discours pour les persuader de se battre, préférant voir les thespiens mort plutôt qu'aux mains d'Athènes. Il leur expliqua que leur cité serait brûlé même si reddition il y avait, et c'est non sans mal que l'armée quitta la cité pour le combat.
Le nombre de soldat était équivalent de part et d'autres mais la valeur de l'armée athénienne supérieure en qualité, forte de 1000 hoplites platéens et quelques 500 d'Athènes.
Bataille de Thespies
Les derniers préparatifs étaient en cours lorsque Megaclès, suite à sa victoire, arrivait à Platée pour tenter de savoir où Miltiade avait disparu.
Il appris ainsi par les sages qu'il s'était tourné vers Thespies, et qu'il avait surement déjà atteint la cité.
Chargé par Hippias de reprendre le contrôle total de l'armée, il ne perdit pas un instant et pris la route vers l'Ouest pour enfin rattraper le jeune athénien.
Au même moment, les deux armées se faisaient face ...
L'aile droite athénienne était dirigée par Miltiade tandis que les platéens se trouvaient sur l'aile gauche.
Attaginos était au centre de son dispositif, sa cavalerie sur la gauche.
...
La charge fut sonnée et tous y prirent part. Seul Miltiade et les peltastes étaient en retrait du côté athénien, alors qu'Attaginos se ruait dans la mêlée.
...
L'aile droite athénienne était de très bonne qualité et commençait à enfoncer celle adverse. Attaginos ne perdit alors pas un instant pour y lancer sa cavalerie.
La charge fut dévastatrice et ouvrit une brèche dans la ligne. Les athéniens poussaient, conscient qu'ils ne devaient pas se séparer. Mais trop tard, une phalange était maintenant isolée et se faisait encercler.
...
Miltiade avait été vif et chargeait pour combler la brèche.
Dans des combats de ce type, les plus courant, où le front est mince mais très étendu, le strategos, en prenant part au combat sur une aile, se met dans l'incapacité de diriger l'autre. La plupart du temps, il ne savait même plus ce qu'il s'y passait jusqu'à l'issue finale.
C'est la pensée grecque qui poussait chaque général à se battre en première ligne, avec ses frères, et à bien souvent mourir.
Et ainsi, le rôle du général changea complètement lorsque celui ci se muni d'un cheval.
Le double tranchant de la charge d'une cavalerie se faisait maintenant sentir.
D'abord terriblement efficace pendant le choc initial, elle se révélait ensuite très faible.
Ainsi Miltiade la réduisit en pièce, et se tourna ensuite sur le flanc des hoplites ennemies.
La valeur de sa garde personnelle était sans pareil dans l'armée athénienne, écrasant les béotiens bien moins entrainés.
L'aile gauche thébaine fléchissait ainsi maintenant dangereusement, alors qu'Attaginos, sur la droite, ne s'en apercevait pas.
Dans un élan de panique, la déroute s'installa parmi les hoplites qui voyait les leurs se faire massacrer.
Les athéniens entamèrent une poursuite pendant quelques instants quand tout à coup, des sons de cors se faisaient clairement entendre, venant de par derrière eux.
Tous se remémorèrent la bataille de Scolus où ils avaient été pris en étau et Miltiade s'imaginait déjà que les thébains avaient défait Megaclès et qu'ils marchaient maintenant sur lui.
Il fit volte face, laissant les fuyards partir et contempla pendant quelques secondes le combat :
Les platéens tenaient bon même si l’extrême gauche commençait à plier.
Du haut de la colline, le soleil de plomb faisait scintillait des armures toujours plus nombreuses. Il lui était impossible de savoir à qui appartenait cette armée.
Alors que les athéniens étaient captivés par l'armée qui arrivait, l'un deux repéra un thébain qui se dégageait non sans mal du combat afin d'observer ce qui se passait.
" Attaginos, Attaginos ! Ca ne peut être que lui ! "
Les cris du soldat furent comme un choc et tous prirent leurs armes et s'élancèrent, Miltiade en première ligne.
Attaginos et les siens avaient écrasé les platéens, mais la charge des athéniens fut décisive. Le général ennemi la prit en plein fouet et succomba sur le coup, entrainant la déroute de la majeure partie de l'armée. Seul quelques thespiens, prit en étau, n'eurent d'autres choix que de se battre jusqu'à ce que mort s'en suive.
Un héraut arriva dans les derniers instants de la bataille pour annoncer que Megaclès, par ordre d'Hippias, arrivait pour prendre le contrôle de l'armée.
Tous furent réjouis de savoir que les nouveaux venus n'étaient autres que leurs frères d'armes, et Miltiade compris que tout s'achevait ici pour lui.
( 2037 soldats seulement ont pris part au combat, les 1000 autres étant ceux de Megaclès; portant ainsi le nombre de survivant à 1172 pour les athéniens. )
Megaclès n'était pas ici pour sermonner Miltiade, car les exploits qu'il avait accomplit étaient inouïs; et l'heure était à la fête de la victoire.
Il dirigeait dorénavant la totalité de l'armée athénienne, et ils marchèrent dans les jours qui suivirent sur Thespies qui n'eut d'autres choix que de se rendre.
Ainsi donc Thèbes était encerclée et ses récoltes saccagées. L'hiver s’annonçait rude pour Phrynon et les siens ...
Source : L'AVENEMENT D'ATHENES ( RTW )
0 Commentaire
Commentaires recommandés
Il n’y a aucun commentaire à afficher.