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Rhysaxiel

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Billets posté(e)s par Rhysaxiel

  1. Rhysaxiel
    A la fin du XIXe siècle, la Chine est agitée par le mouvement Yihetuan surnommé par les Britanniques « Boxers » en raison de leur pratique des arts martiaux. Loin de se contenter de pratiquer le Kung Fu dans les jardins, le mouvement est animé d’un vaste sentiment anti-colonialiste et proto-nationaliste. Il nait et se propage dans le Shandong et le nord de la Chine, s’attaquant aux Chrétiens de Chine. Il atteint finalement Pékin, accompagné de slogans tels que « Soutenons le gouvernement Qing et exterminons les étrangers ». Face aux menaces, de nombreux européens et chrétiens se réfugient dans le quartier des Légations
     
    L’impératrice douairière Cixi est initialement indécise face à ce mouvement. L’écraser signifierait l’aliénation de toute la population car cela signifierait une soumission chinoise à l’occident, mais les laisser faire entraînerait sans doute une intervention occidentale. La cour elle-même est divisée, jusqu’à ce que les Occidentaux fassent le premier pas et annoncent l’envoi de 20 000 hommes pour lever le siège. La Chine apporte alors son soutien aux Boxers.
     

     
    Onze légations, cinq cents civils et à peu près autant de soldats se partagent les 5,1 km² que représente le quartier. Il n’est que partiellement fermé, au nord-est par la Cité Impériale, au sud par les murs de la Cité Tatare. Ils disposent de trois mitrailleuses et d’un canon. Le ministre britannique Claude Mac Donald est désigné commandant de la défense, tandis que l’américain Herbert Squiers est désigné comme son chef d’Etat-major. D’une manière générale, les troupes d’un pays sont responsables de la défense de leur légation. Les Allemands et les Américains ont pris pied sur les remparts au sud.
     

     
    Je vous propose de vivre le siège du point de vue d’un marine américain (fictif), William B. Walker.
     
    21 juin 1900 (tour 2)
    Chez nous c’est resté calme, mais du haut du rempart, on a pu voir le grabuge du côté de la légation britannique. Des soldats ont découvert une mine au cours d’une de leur patrouille. Elle n’a pas explosé, mais les Boxers ont quand même attaqué. Ils étaient, quoi, quatre cents ? Le capitaine Myers nous a dit plus tard qu’il n’y avait pas de régulier chinois avec eux. Apparemment, l’Impératrice ne sait pas quoi faire de ces paysans. Ils se sont jetés droit sur les légations britanniques et autrichiennes, mais à la fin de la journée et à l’aide de renforts, ils ont été repoussés.

     
    26 juin 1900 (tour 7)
    Le déjeuner a été interrompu par le son des canons. On a cru à une armée de secours, mais c’est sur nous que sont tombés les obus. Les légations allemandes et italiennes ont reçu le gros des tirs. Ils n’auraient jamais pu faire ça sans l’accord de l’Impératrice.
     
    27 juin 1900 (tour 8)
    J’étais en faction sur le rempart quand les obus nous sont tombés dessus. Ils tirent complètement au jugé. Cette fois ils n’ont pas fait de victimes, mais entassés comme nous sommes, la catastrophe n’est pas loin.
     
    28 juin 1900 (tour 9)
    J’ai perdu mon pari avec Murphy. Je pensais qu’ils allaient nous bombarder et nous affamer jusqu’à ce qu’on devienne fou, mais non. Ils ont attaqué peu avant midi. Par l’ouest, cette fois. Les Russes avaient préparé des positions en avant de leur légation, mais les Boxers les ont pris à revers. Myers nous a ordonné de rester sur notre position, des fois que cette attaque soit une feinte, mais le détachement qui était dans notre légation est allé prêter main forte aux Russes. C’était la panique dans les rues. Les Boxers ont pu entrer et incendier une partie des bâtiments, des civils courraient partout. Il a fallu cinq heures pour les repousser. Une odeur de brûlé flottait sur tout le quartier.
     
    On a des blessés de toute nationalité, et Mac Donald est mort dans le bombardement préliminaire à l’attaque. Ça commence à devenir compliqué.
     
    30 juin 1900 (tour 11)
    Cinq jours de bombardement. On dirait qu’ils ont pris un rythme de croisière.
     
    Et un nouvel assaut. Ils ont attaqué à l’est et s’en sont pris aux légations autrichiennes et italiennes. Apparemment, les autrichiens ont perdu leur mitrailleuse dans les premières minutes du combat et se sont fait déborder. Les combats se sont déplacés dans la légation française plus au sud, où les Anglais et les Français les ont accueillis. Les Allemands et nous sommes allés aider les Italiens.
     
    Ces Boxers sont des fous. Ils n’ont que des lances ou des sabres comme arme, et nous foncent dessus. Un Chinois chrétien réfugié dans notre légation m’a dit plus tard qu’ils suivaient des rituels qui, pensent-ils, dévient ou neutralisent nos balles. Ils sont persuadés qu’ils ne mourront pas, ce qui les rend d’autant plus dangereux. Ils se déplacent en foule, ça donne un effet de masse. Le canon italien était bienvenu pour briser leur élan. Je comprends mieux que les russes, sans mitrailleuses, aient eu du mal face à eux.
    On a tenu, mais les blessés et les morts s’accumulent, et nos positions se dégarnissent…

    En remplacement de Mac Donald, on a nommé le Lieutenant-Colonel Goro Shiba, un Japonais, comme chef de la défense. Non pas que ça change grand-chose à la situation.
     
    5 juillet 1900 (tour 15)
    Je ne sais pas ce qui se passe dans le camp d’en face, mais les bombardements ont presque cessé et il n’y a pas eu d’attaque. Ça nous laisse du temps pour soigner les blessés et les malades. Les premiers civils sont morts de maladie à cause du confinement et des incendies.
     
    8 juillet 1900 (tour 18)
    Il fallait bien qu’ils nous tombent dessus. Aujourd’hui, l’attaque était pour nous, sur les remparts. La muraille de la cité tatare fait 12m de large, notre position n’occupe pas plus de 40 mètres en profondeur. On vit à 40 dans cet espace, c’est à peine si on a assez de place pour faire tourner les troupes. On y a placé des barricades. Autrement dit, on s’est infligés l’enfer, mais on l’a aussi a promis à nos ennemis. Eh ben même avec ça ils ont pu neutraliser notre mitraillette et se sont jetés sur nous comme des fauves sur leur proie.
     

     
    Tous nos hommes sont venus. Et les Allemands, puis les volontaires, les Français, et même des Autrichiens privés de légation depuis une semaine. On s’est tous relayés sur le rempart. Ces fous furieux de Boxers ont essayé d’incendier les mirs  de leur cité ! Ils ne sont pas passés. La muraille est couverte de cadavres, et de notre côté ce n’est pas la joie non plus.
     
    9 juillet 1900 (tour 19)
    Les bombardements persistent, mais on a reçu une bonne nouvelle de la part du Lieutenant-colonel Shiba : l’Impératrice Cixi a signé une trêve avec nous. Les troupes chinoises quittent la zone et ne prêtent plus leurs canons aux Boxers. Mc Allister pense que ça signifie que le siège est fini. Moi je crois qu’il se fait des idées et que les Boxers vont revenir encore plus furieux.
     
    10 juillet 1900 (tour 20)
    Et qui avait raison ? Mc Allister me doit une tournée. C’est la même histoire qu’il y a deux jours, mais cette fois, il n’y avait pas d’étendard jaune. L’Impératrice tient parole. J’ai pris un coup de lance dans le flanc et un coup de sabre sur l’épaule. Par je ne sais quel miracle, j’ai encore tous mes membres et mon unité a pu me sortir de là. Myers m’a mis au repos forcé dans notre légation. J’aurai enfin un vrai lit.
     
    12 juillet 1900 (tour 22)
    J’ai pu discuter avec Francis Gamewell, un missionnaire qui nous a aidé à monter les barricades. Mac Donald l’a nommé « commissaire aux fortifications ». En plus de ça, sa mission s’occupe des malades et des blessés, aidés par les docteurs vivant habituellement dans le quartier. Certains prennent même les armes et défendent des positions. Myers est venu me voir. Apparemment, on m’appelle Lucky Billy dans l’unité suite à mon exploit de l’avant-veille.
     
    15 juillet 1900 (tour 25)
    Les blessés se remettent. Myers m’a réintégré sur le rempart. On s’habitue vite au confort… Les autrichiens ont essayé de réparer leur mitrailleuse, mais c’est peine perdue.
     
    17 juillet 1900 (tour 27)
    On a reçu des nouvelles des assiégés de la cathédrale de Peitang. Ils tiennent toujours malgré les attaques. Dieu est de notre côté.
     
    Evidemment il fallait que j’écrive ça une heure avant un assaut. Le comité d’accueil était Allemand cette fois, et on est vite venus les rejoindre. Pas assez vite. Quand on est arrivés, ils étaient en train d’amorcer un repli vers les positions défensives de leur légation. On les a couverts avant de les rejoindre. Je ne sais pas ce qu’ils avaient ces Boxers-là, mais ils étaient rapides. Une fois descendus des remparts ils ont formé deux groupes. Le premier a incendié le sud de la légation allemande. C’est tout juste si on a pu couvrir les civils avant d’achever les boxers sur place. Le second a été accueilli par le canon italien et des troupes dans une position fortifiée.
     
    Le soir on a discuté avec les Allemands. J’ai suggéré à Myers de poster 20 hommes de plus sur notre position, pour couvrir la mitrailleuse dans le premier choc. Il a tiré la gueule. « Vous n’êtes pas assez serrés là-haut ? ». Pas suffisamment pour arrêter le premier assaut Boxer. Faute de mitrailleuse, les Allemands ont dressé un nouveau plan de bataille en cas d’attaque contre leur position, avec une position de repli dans les ruines du sud leur légation. Shiba a posté une soixantaine de volontaires près du canal, rue des Légations. En cas de grabuge, ils ont ordre de rejoindre les positions américaines ou la légation allemande.
     
    18 juillet 1900 (tour 28)

    « Nihao, motherfuckers ! »
    * tatatatatatatatatatatatata*
     
    Les choses sont bien plus simples avec une mitraillette fonctionnelle. Lucky Billy avait raison ! Le détachement supplémentaire a couvert la mitrailleuse suffisamment longtemps pour permettre aux renforts d’arriver. Les foules ne tiennent pas longtemps sous le feu d’une mitraillette. Quand les plus téméraires, à l’avant, tombent les uns après les autres, l’effet de masse perd en intensité, et l’arrière commence à se débander. A partir de là, les guerriers boxers tombent comme des mouches ou prennent leurs jambes à leur cou.
     
    On a eu moins de pertes aujourd’hui. A force d’aller se soutenir les uns les autres, on finit par connaître les autres soldats du quartier et, mine de rien, en échangeant nos expérience sur les barricades, on s’améliore. Le moral est bon malgré ce presque mois de siège. L’impératrice nous a apporté des vivres et le nécessaire pour soigner nos blessés et les civiles enfermés avec nous. Ils se sont enquis de l’état de santé de la population. J’ai suggéré à Shiba de répondre « Pas encore massacrés » mais, s’il a ri de ma réponse, il ne l’a pas transmise. Tout cela signifie sans doute que le dénouement approche. Les Boxers ne vont quand même pas s’opposer à l’Empire ?
     
    19 juillet 1900 (tour 29)
    J’aurais dû la boucler. La politique, ça me dépasse. Aujourd’hui ils ont attaqué les légations italiennes et françaises par l’est. Tout ce que j’ai vu, c’est une masse informe de gens se déversant dans les rues et de la fumée sortant de nombreux bâtiments. Les Italiens, chassés de leur position, se sont déplacés au sud, dans la résidence de Hsu T’ung. La légation française est elle-aussi salement endommagée. Le capitaine Berthier nous a rapporté que les Boxers couraient dans tous les sens, allumant des feux au petit bonheur la chance, sans même chercher à se mettre à couvert et ignorant complètement leurs tirs. Ils ont rencontré  la même sale engeance que les Allemands avant-hier, on dirait.
     
    On ne sait trop comment, la centaine de civils qui s’était réfugiée dans la légation française a réussi à éviter les flammes et les Boxers. Un jeune enfant Chinois qui travaille avec un missionnaire nous apporte de bonnes nouvelles. Les renforts devraient atteindre Pékin d’ici quatre semaines. Quatre semaines. C’est long, mais cela explique le geste de l’impératrice.
     
    24 juillet 1900 (tour 34)
    Les bombardements persistent. On a fini par s’y habituer. Cela plombe nos nuits, mais fait peu de victimes. Et puis, ce n’est pas comme si on passait de bonnes nuits, entassés sur ce rempart.
     
    25 juillet 1900 (tour 35)
    On a un nouveau canon ! En raclant les fonds de tiroirs pour des vivres, les Autrichiens sont tombés sur une vieille pièce d’artillerie qu’ils sont parvenus à restaurer. Ils l’ont sobrement appelé « Der Internazionale Kanon ». Mc Allister a suggéré « Betsy ». C’est mieux, c’est plus court et c’est plus affectueux, « Betsy ». On l’a placé sur le rempart avec les Allemands. Les Boxers vont avoir une sacrée surprise.
     
    26 juillet 1900 (tour 36)
    Ce matin, on a été réveillé par des cris. Des hurlements, pour être précis. Des Boxers, qui menaient une charge contre la  position allemande sur le rempart. Comme la dernière fois, nous sommes arrivés en renforts mais, contrairement à la dernière fois, les Allemands tenaient leur position grâce à Betsy. Dans le feu de l’action j’ai proposé de troquer Betsy contre notre mitrailleuse, mais bizarrement ils n’en ont pas voulu. Notre mitrailleuse brise les foules, alors imaginez un canon… Les Boxers ont tout donné, absolument tout, et pendant toute la journée. On a bien cru qu’on allait tous y passer, mais finalement on a tenu. Chaque mètre de terrain cédé, on l’a repris à la force de nos armes.
     
    1er août 1900 (tour 42)
    Cela fait près d’une semaine qu’il n’y a eu ni bombardement ni attaque. Si on ne les voyait pas à quelques dizaines de mètres de nous, on pourrait croire que les Boxers ont été chassés ou se sont enfuis.
     
    14 août 1900 (dernier tour)
    Vers 5h du matin, pendant mon quart, j’ai entendu des tirs venant de l’est. Des canons -pas ceux de d’habitude- puis le bruit des mitraillettes. Je suis allé voir les Allemands qui m’ont confirmé ce que j’en avais déduit : les renforts sont enfin là ! Impossible de les voir derrière le rempart extérieurs et intérieurs, mais ils sont bien arrivés.

    A 15h, un contingent anglais est passé par un fossé de drainage sous le mur de la cité tatare, suivi de peu par le général britannique Alfred Gaselee. Il est accueilli par le lieutenant-général Goro Shiba. Il n’a pas eu besoin de plus pour comprendre que Claude Mac Donald n’avait pas survécu. Deux heures plus tard, le général Chaffee est entré à son tour. Il est venu nous saluer sur les remparts. En voyant nos troupes comprimées dans un si petit espace, il comprit l’enfer que nous avions vécu. Il ne fit aucun commentaire, mais son visage, livide, en disait suffisamment long.
     
    Nous étions 409 soldats début juin. 55 sont morts et nous avons eu jusqu’à 135 blessés, aujourd’hui soignés. 13 civils manquent à l’appel et 24 sont blessés ou malades. Je cherche en vain un motif militaire à l’échec des Chinois dans leur campagne d’extermination des étrangers. S’ils avaient consenti à sacrifier quelques centaines de vies en plus lors de chaque assaut, ils auraient bien vite éteint nos défenses et je ne serais pas en mesure d’écrire ces mots. Le fait est que, Dieu merci, les Boxers n’étaient pas si immunisés à la peur que cela.
     
  2. Rhysaxiel
    Voici comme promis ma participation au concours de mini AAR 2017 ! Vous avez remarqué avec mon dernier récit que je suis assez fan d'opération aéronavales. Aussi, après Command : Modern Air Naval Operations, je vous propose une partie sur le Temps des As, un jeu sur combats aériens de la première guerre mondiale paru dans deux numéros de Vae Victis, partie qui aurait pu s'appeler "Commandement : opérations aéronavales anciennes"
     
    12 mai 1917, au large de Zeebrugge
    Le port de Bruges, ou Zeebrugge, est exploité par la marine Allemande comme base de sous-marins. C’est de là que partent les submersibles menaçant le commerce britannique ainsi que les navires de l’Entente dans la Manche. Faute de pouvoir reconquérir la ville de Bruges et son port dans des délais raisonnables, la Royal Navy a décidé de mener un bombardement naval contre les installations côtières. Sous le commandement du Vice-Amiral Sir Reginald Bacon Trois monitors, le Marshall Soult, le Terror et l’Erebus, de la Dover Patrol, doivent bombarder le port, et plus particulièrement les portes du canal de Bruges menant audit port, guidés en cela par deux appareils d’observation du Royal Naval Air Service. Sans eux, les navires sont aveugles. Pour couvrir ces deux appareils et les deux autres devant les relayer au cours de la journée, le 4 (Naval) Squadron déploie plusieurs Sopwith Pup.

    Ces avions sont un petit bonheur à piloter : légers et maniables, ils sont toutefois légèrement armés avec leur mitrailleuse unique. Leur surnom de "Pup", chiot, vient sans doute de la docilité de l'appareil. Son nom officiel est en effet Sopwith Scout.. La Dover Patrol elle-même est couverte par les Sopwith Triplane du 10 (Naval) Squadron. Leur principal avantage réside dans leur capacité à voler haut et vite.

    La première patrouille des Pups est sans histoire : aucun avion allemand ne vient les attaquer tandis que les deux avions d’observation guident les tirs des navires. La deuxième est prise à parti par des Albatross D.III allemands. Ils n’ont pas la maniabilité ni la solidité des Pups, mais une puissance de feu accrue. C'est sur cet avion qu'Ernst Üdet a fait sa réputation. Le duel qui s’annonce est un cas classique de force brute contre manœuvrabilité. Sept Pups et plusieurs Triplane se retrouvent face à quatorze Albatross.

    Le bal aérien peut commencer !
     
    Notre histoire ne concerne qu’une portion de la bataille : à l’ouest du port de Brugge, trois pilotes britanniques fraîchement sortis de l’entrainement affrontent quatre chasseurs allemands eux aussi novices. Les quatre avions allemands sont en formation berger : le pilote le plus expérimenté vole plus haut que le reste du groupe pour avoir une vision globale de l’affrontement à venir. Le chef, volant plus haut, a ainsi l’initiative.

    Les pions sont numérotés de 1 à 5, à droite de la silhouette de l'avion, en rouge pour l'Alliance, en bleu pour l'Entente, pour permettre de se rappeler qui est qui.
    - Albatros 1 est Franz Bergman. Un joyeux drille avec une tendance à la prise de risque inutile. Il a un talent particulier pour manœuvrer à la limite du décrochage.
    - Albatros 2 est Gunther Fricht. Un Bavarois très patriote avec d’excellentes capacités d’observation pour un bleu.
    - Albatros 3 est Albert Rossmann. Sans aucun doute le maillon faible de cette escadrille, il est très précautionneux, sans doute trop pour piloter un avion de chasse.
    - Albatros 4 est Manfred Grussenberg. C’est le plus expérimenté du groupe. Par « expérience », il faut comprendre qu’il a déjà piloté trois fois en conditions réelles, mais sans jamais abattre d’avion.
     
    Les Britanniques sont dispersés. Le Triplane est isolé des deux autres Pups mais devrait pouvoir les rejoindre rapidement.

    - Triplane 1 est William Radford, un habitué des patrouilles maritimes mais qui n’a jamais encore piloté le Triplane.
    - Pup 2 est Chris Paddington, un pilote qui a marqué son instructeur par sa propension à se lancer dans des figures improvisées avec ses appareils d’entraînement.
    - Pup 3 est Robert Murray, un londonien taciturne et plutôt efficace, allant souvent au plus court et au plus simple dans ses décisions.
    - Breguet 14 n°5 est l’appareil d’observation, il ne participe pas au combat sauf pour éventuellement être abattu. Les deux pions navires sont ici pour le decorum, ils n’ouvriront pas le feu sur les Albatros qui, sans bombe, ne peuvent rien contre eux.
     
    Les Pups profitent de leur meilleure maniabilité pour se mettre en position d’intercepter les Albatros sur leur gauche, qui choisissent quant à eux de continuer tout droit avant de virer vers les Pup. Le but ? Affronter chaque appareil britannique à 2 contre 1. Murray ouvre le feu en premier grâce à sa manœuvre. Les balles touchent Bergman mais ne font que des dégâts superficiels. Radford vire et fonce droit sur la formation ennemie. Tout juste à portée, il ouvre le feu sur Grussenberg. Un éclat de balle se fiche dans la mitraillette de l’Albatros et la déforme. Pas de doute possible, elle est inutilisable !

    Les Albatros n’hésitent pas à contre-attaquer. Grussenberg et Murray se font face, se mitraillent, évitent la collision de peu… Une balle traverse l’épaule de Murray qui serre les dents, tandis que l’Albatros allemand est indemne. L’avantage d’avoir deux mitrailleuses est ici visible. Bergman et Fricht ouvrent le feu sur Paddington mais ne parviennent pas à le toucher en faisant des dégâts significatifs. La contre-attaque ne produit rien. Paddington use de sa vitesse et de la maniabilité de son appareil pour opérer un renversement. En quelques secondes, il se retrouve dans le dos de deux Albatros ! Privé d’une partie de sa puissance de feu, Rossmann panique et tente de se désengager, mais Murray se lance à sa poursuite.

    Le combat commence très mal pour les pilotes allemands. Trois de leurs avions sont suivis de près par les britanniques, seul Grussenberg a ses six heures de sûres, et encore a-t-il un Triplaneà dix heures.

    Notez l'usage de disques en lieu et place de pions fournis dans le jeu pour indiquer l'altitude et ne pas surcharger le plateau
     
    Murray suit Rossmann de près mais ne parvient pas à l’abattre, son bras est de plus en plus douloureux et l’Albatros est solide. Voyant que le pilote allemand se replie sur ses bases et de peur de tomber dans un traquenard, Murray fait demi-tour pour prêter main forte à ses compatriotes et profite du calme autour de lui pour gagner de l’altitude. Le renversement de Paddington a été utile : il endommage coup sur coup les appareils de Bergman et Fricht, déchirant ou arrachant leur voilure alors que ceux-ci tentent de lui échapper en prenant deux trajectoires opposées. Dans cette situation, les Pup, déjà plus maniables, vont pouvoir danser autour des Albatros ! Radford a moins de chance, Grussenberg endommage son avion dans un duel en face à face qui tourne, encore une fois, à l’avantage des Allemands. L’Albatros parvient en plus à se placer dans ses huit heures. N’est pas Georges Guynemer qui veut.

    Radford accroche la queue de Bergman, mais ne parvient pas à le toucher. Grussenberg ajuste sa position, il est désormais dans les six heures du Triplane. Paddington profite toujours de sa position avantageuse mais manque ses tirs. Il est surpris par une bourrasque qui l’emporte plus loin qu’il ne n’aurait souhaité et tente de compenser sa survitesse en prenant de l’altitude. Non seulement il manque sa cible deux fois, il perd en plus son avantage : Fricht a désormais la possibilité de renverser la vapeur malgré son avion endommagé ! Murray mets les gaz. Il découvre la situation difficile de ses alliés.

    Il assiste impuissant à un renversement de vapeur. Paddington est toujours poussé par le vent et offre désormais sa queue à Fricht qui tire mais ne parvient pas à le toucher. Radford place quant à lui Bergman dans son viseur, mais au moment d’ouvrir le feu, les balles de Grussenberg fendent son appareil en deux. Sans sa queue, le Pup n’a plus aucune stabilité et fonce droit sur l’eau en vrillant. L’avion s’écrase en mer, tuant son pilote sur le coup.

    Murray arrive enfin à portée de tir d’un avion allemand. Il serre les dents, pointe son nez vers le bas, laisse l’appareil gagner en vitesse, met Grussenberg en joue, tire… Et détruit l’appareil en quelques rafales à peine ! Les coups disloquent la structure et criblent de balles son pauvre pilote qui n’a rien vu venir. Bergman a bien tenté d’ouvrir le feu sur le Pup, mais de si loin, il est peu probable de toucher quoi que ce soit. Fricht tente de poursuivre Paddington mais perd trop de vitesse dans ses virages, la faute à sa voilure endommagée, et ne peut correctement l’aligner à cause de la différence d’altitude.

    Plutôt que de capitaliser sur sa vitesse, son altitude et la meilleure maniabilité de son appareil, Paddington se lance dans une nouvelle manœuvre. Derrière lui, Fricht voit le Pup partir en chandelle, faire un demi-tour tout en prenant de l’altitude avant de lui tirer dessus. Plutôt que de laisser la manœuvre se terminer, il ouvre le feu, touche l’appareil, arrache plusieurs élément de fuselage mais l’avion poursuit sa manœuvre, endommagé mais toujours aussi agile. Paddington met les gaz, tire à bout portant et perfore le fuselage sur toute la longueur de l’appareil avant d’enflammer le réservoir. L’Albatros se transforme en boule de feu et se disloque. Murray, qui venait de se positionner pour se lancer à la poursuite de l’avion allemand, se fait chiper une victoire. Derrière lui, Bergman se place dans ses 6 heures, mais il est trop loin, et surtout trop lent, pour être une quelconque menace.

    Murray profite de sa vitesse pour imiter quelque peu Paddington : malgré son bras toujours plus douloureux, il effectue un renversement et fait désormais face à Bergman. Les mitrailleuses des deux avions crachent leurs munitions, les impacts de carlingue se multiplient… Et l’Albatros cesse de tirer. Son pilote vient de recevoir deux balles en pleine tête. Sans direction, l’avion commence à piquer et rouler, envoie son pilote en chute libre, et s’écrase en mer.

     
    C’est une victoire pour l’Entente. Malgré leur infériorité numérique et leur relative désorganisation, les pilotes ont pu mettre à profit la maniabilité supérieure de leur appareil pour tenter des manœuvres audacieuses à même de leur donner l’avantage. La patrouille allemande n’a jamais inquiété l’observateur et perd trois Albatros contre un seul Triplane abattu. Les deux Pups, s’ils sont endommagés, restent entiers. Paddington rentre avec une première victoire à son actif et confirme sa réputation de voltigeur un peu fou. Murray auréolé de deux victoires, ne peut descendre de son avion sans assistance : l’adrénaline retombant, il perd connaissance sous la douleur. Quelques heures plus tard, il se réveille à l’infirmerie, le bras en bandoulière, bon pour quelques jours de repos.
     
    Une troisième patrouille abat un hydravion tandis qu’une quatrième repousse une attaque de deux autres hydravions équipés de bombes. Malgré la présence de l’avion d’observation au-dessus de la cible, le bombardement s’avère inefficace. De nombreux obus n’ont pas explosé, limitant la qualité des retours radio de l’observateur. La cible, les deux portes d’entrée du canal de Bruges, est de plus très petite, trop pour être précisément ciblées par l’artillerie navale, même avec correction. Le vice-amiral Bacon quitte la côte belge en pensant avoir suffisamment endommagé le port, mais une mission de reconnaissance quelques jours plus tard révèle qu’il n’en est rien. La plupart des obus sont tombés autour des portes sans les endommager, et si quelques docks et un bassin ont été touchés, le port reste opérationnel. L’opération est un échec. Le vice-amiral retente l’expérience quelques jours plus tard contre Ostende, une cible de taille correcte et plus sensible aux bombardements côtiers.
     
    L’expérience acquise est utile pour la conception et la réalisation des raids de Zeebrugge et d’Ostende de 1918. Pour les bleus du 4 (Naval) Squadron, en revanche, l’heure est à la célébration.
  3. Rhysaxiel
    Histoire récente

     
    Les premières décennies semblent marquer la domination des tribus Lusitani, Astures et Carpetani et Vascones, qui prennent des territoires sur leurs voisins les plus faibles. Les Aquitani, tribu gauloise, soumettent également les tribus paléo-ibères autour de Saguntum, face aux Baléares.

     
    En 511, le territoire est quasi intégralement partagé entre les principales tribus de la région. Rome s’est implantée dans les Baléares en octobre 509 suite à la guerre de continuation contre Carthage. Cette dernière est particulièrement passive en Hispanie. Les Aquitains s’implantent un peu plus, mais leur territoire est particulièrement éclaté et vulnérable.

     
    La situation change radicalement en à peine quarante ans. Carthage soumet les Oretani et les Bastetani. Les Astures contrôlent fermement le quart nord-ouest de la péninsule ainsi que Saguntum tandis que Rome est entrée par le nord-est en réduisant les Vascones à leur territoire d’origine. Entre ces trois puissances, les Carpetani apparaissent en fâcheuse posture.

    Dès 553, en l’absence d’espace pour s’étendre sans s’affronter, Astures et Carpetani entrent en guerre. En 558, Carthage profite de ce conflit pour attaquer à son tour les Carpetani qui n’ont pas les capacités de tenir sur deux fronts face à de tels adversaires. Carthage s’étend considérablement et en vient à border les Astures, annonçant un conflit prochain. Les Astures, pris dans une guerre civile, signent une paix blanche avec leur ennemi. Les Ilergètent se libèrent du jour Carpetani à la faveur du conflit, pour aussitôt être conquis par Rome dont le territoire atteint l’Ebre en mars 563. En 564, Carthage conquiert Saguntum sur les Astures. Toutefois, la cité punique sombre dans la guerre civile. Un de ses magistrats, Eshbaal Mattanid, a instauré une dictature et renversé le régime républicain, provoquant une réaction puis une révolte menée par Hannibal Gisco. C’est la première des guerres civiles qui vont réduire en cendres Carthage et son empire.

     
    La guerre civile carthaginoise donnent un peu d’air aux tribus celtibères qui récupèrent quelques territoires sur Carthage. Rome réduit en 571 les Aquitains à leur seul territoire d’origine et s’empare de leurs terres en Hispanie. Profitant de la guerre civile, l’ambitieuse île de Chypre conquiert l’ancien territoire Bastuli dans le sud de la péninsule.

     
    Le sénat romain exige des conquêtes en Hispanie, entraînant une guerre contre les Carpetani entre 596 et 600 qui se solde par l’imposition d’un tribu sur les Celtibères. Les Astures profitent de l’intervention romaine pour conquérir des territoires de leur côté. La position centrale des Carpetani joue clairement en leur défaveur. La frontière entre Rome et les Astures, toujours plus longue et sous tension, n’entraine pas de conflits, pour le moment.

     
    Les Astures sombrent dans une brutale guerre des clans en 613, au moment même où Carthage pose de nouveaux les yeux sur l’Hispanie. Le résultat est sans appel, Carthage s’étend considérablement vers le nord, au point de border le territoire de l’Hispanie romaine. En 619, dans un contexte plus large de rébellion des tributaires romains, les Capretani déclarent la guerre à Rome, mais sont remis dans l’obéissance l’année suivante.

     
    Rome est à l’époque occupée loin à l’est et laisse le champ libre à Carthage pour s’étendre. Les Astures en paient le prix fort sont réduits à un tout petit territoire frontalier à Rome et Carthage, synonyme d’une durée de vie très courte. Les Carpetani, protégés par Rome, sont épargnés.

     
    Carthage entre progressivement dans une phase très instable, les guerres civiles et révoltes se multiplient et le laps de temps entre chaque période de trouble est de plus en plus court. Les Carpetani en profitent pour reprendre quelques territoires, tandis que Rome conquiert quelques villes au nord. Carthage ne peut virtuellement pas s’opposer à ces conquêtes.

     
    A partir des années 710, l’instabilité à Carthage est telle que Rome est en mesure de débaucher des gouverneurs de province et de les faire passer au service de l’Empire. La conquête de l’Hispanie par Rome et son allié Carpetani est ainsi une combinaison d’opérations militaires et d’opération de séduction de gouverneurs peu scrupuleux. Entre 710 et 713, Rome conquiert la majeure partie de la côte atlantique de l’Hispanie. Surtout, la flotte carthaginoise, troisième flotte de méditerranée, est intégralement coulée au large des colonnes d’Hercules. La cité punique ne sera jamais en mesure de la reconstruire.

     
    Les Carpetani font face à un soulèvement des Astures en 752, soulèvement qui fait long feu face aux armées romaines puis celtibères. Rome acquière toutefois deux provinces appartenant initialement à son client, au motif d’y maintenir l’ordre. Quelques années plus tard, les Carpetani cessent de payer le tribut à l’Empereur. En 762, il est ordonné aux armées romaines d’entrer en territoire celtibère et d’en commencer la conquête, la paix est signée en 765. Parallèlement, Carthage poursuit son effondrement, accéléré par les défections de ses magistrats à Rome. Chypre perd son territoire en Hispanie au profit de l’Egypte.

     
    En 781, l’Empereur Publius lance une campagne contre l’Egypte, à laquelle les Carpetani ont commis l’immense erreur de s’allier. La défaite de l’Egypte Setnide deux ans plus tard entraîne également l’écrasement des Carpetani, réduit à un tout petit territoire totalement encerclé par Rome et sans aucun espoir de contact avec un autre Etat.

     
    Les Carpetani sont définitivement annexés par l’Empereur Galerus, y menant les troupes en personnes, en 789.

     
    La situation en 843 AVC (90)
    La réforme nicienne a donné à l’Hispania cinq provinces : Tarraconensis, Galicia, Lusitania, Baetica et Carthaginensis. Les gouverneurs de ces provinces sont nommés par le Sénat avec un veto possible de la part de l’Empereur. Chaque province dispose d’une armée provinciale sous le commandement du gouverneur.
    La romanisation est faite sur à peu près la moitié du territoire. Rome a établi plusieurs colonies dans la région : la cité Grecque d’Emporion, devenue Emporium, Tarraco, Caronium (La Corogne), Aeminium (Coimbra) ainsi que dans les Baléares. La Tarraconensis est organisée en civitas, la Galicia et la Lusitania le sont partiellement. Le reste du territoire est encore découpé selon les bases tribales précédant la conquête romaine.
     
    Cultures
    La romanisation de la région n’est que très partielle. Quatre cultures non-indoeuropéennes sont présentes : les Vascones (Basques), les Paléo-ibères, les Lusitani et les Turdetani. Les Celtibères représentent la majorité du territoire. L’ensemble de ces cultures peuvent se romaniser en « hispano-romain » qui peut ensuite de nouveau éclater en cultures « galician » (Galicien), « leonese » (Léonaise), « castillian » (Castillane), « portugese » (Portugaise), « aragonese » (Aragonaise), « catalan » (Catalane), « andalusian » (Andalouse). La culture celtibère peut éclater selon les mêmes modalités, mais en donnait des cultures appartenant à un groupe différent, prenant le nom de « celto-culture » : celto-galician, celto-leonese, celto-castilian, celto-portugese. L’évolution se fait géographiquement : un seigneur « celtiberan » indépendant peut basculer vers l’une des autres cultures selon sa localisation géographique. Les territoires sur son contrôle basculent progressivement.
     
    Cela signifie par exemple qu’un seigneur contrôlant le nord-ouest (donc basculant « galician ») peut diffuser cette culture sur une large zone, y compris sur celle déclenchant théoriquement une autre culture (s’il contrôle des terres au futur Portugal, elles basculeront « galician » et non « portugese »). Des zones (et personnages) « celtiberan » peuvent basculer « iberan » au fil du temps, pour peu que le tout reste unifié sous un seigneur « celtiberan » indépendant. Les hispano-romains suivent la même évolution mais avec un plus grand délai.
     
    Les Vascones, Lusitani, Turdetani et Paléo-ibères peuvent évoluer vers une version « modernisée » de leur culture non-indoeuropéenne s’ils ne sont pas romanisés ou assimilés par un « celtiberan » devenu « iberan ». Les Vascones évoluent en « basque », les Lusitani en « lusitanian » ou « vettones », les Turdetani en « turdetanian » et les paléo-ibères en « bastetan », « contestan », « edetan » et « ilergetan ». Tous sont également basés sur la géographie et se diffusent, et tous font partie d’un même groupe culturel regroupant les cultures paléo-ibériques dans leur ensemble.
     
    Si Rome perd le contrôle de la région et qu’aucun acteur ne parvient à unifier les peuples, elle peut rapidement se fragmenter en plusieurs cultures indépendantes.

     
    Religions
    Le panthéon romain domine largement la région. Le duidisme celtibère arrive en deuxième position mais n’est pas « expansionniste » et ne se diffusera pas (sauf cas exceptionnel : seigneur zélé avec de bonnes stats et de culture non romanisée). Les panthéons carthaginois et égyptiens sont présents du fait de l’histoire, mais sans réels soutiens extérieurs. Ils sont probablement condamnés. Il existe enfin trois paganismes directement liés à une culture correspondante : paléo-ibère, turdetani et lusitani. Si la culture correspondante se diffuse dans une province, la religion change instantanément (sauf panthéon romain). Ces paganismes sont toutefois largement condamnés, tout particulièrement le paganisme lusitanien réduit à Castra Cecilia (Caceres). Les colonies en cours de développement mais inachevées à Portus-Magnus (Almeria) et Castra Cecilia sont susceptibles d’accélérer la romanisation de la région.

     
    Défis et zones à surveiller/jouer
    Les minorités paléo-ibères peuvent être sympathiques à jouer dans une optique de « dernier survivant » d’une culture ou d’une religion. Les gouverneurs romains ont intérêt à développer les institutions romaines dans leur province, et donc de veiller à la romanisation progressive des élites locales. Diffuser le culte romain et coloniser sont des options viables, mais coûteuses en temps et en moyens au delà des deux colonies déjà en développement.
    Un chef tribal peut avoir intérêt à coopérer avec Rome pour acquérir du pouvoir, et pourquoi pas après romanisation de sa tribu/famille d’intégrer la vie politique romaine et monter en grade. Ou au contraire, lutter contre l’envahisseur et le chasser pour unifier une partie du territoire sous sa bannière.
  4. Rhysaxiel
    Bienvenue sur ce blog !
     
    Titre un peu mystérieux et contenu assez inhabituel, ce blog a plusieurs fonctions.
    La première est d'offrir des informations supplémentaires au sujet de mon AAR EU:Rome terminé, le règne des Anciens. Vous trouverez donc un aperçu un peu plus précis par région, et non seulement sur Rome seul comme dans l'AAR, avec notamment plus d'informations sur la culture ou les religions, les gouvernements etc... Carte qu'il est en partie possible d'afficher sur EU:R mais pas de sauvegarder.
     
    La seconde, nettement plus ambitieuse, est de vous tenir informé de la suite de cet AAR, qui prendra la forme d'un mod pour CK2 couvrait très certainement la période 90-900 et par définition ahistorique puisque le point de départ est mon AAR. Etant donné la masse de travail que cela représente, mon manque cruel de temps et mon expérience limitée de modding sur Clausewitz, il est tout à fait possible que ce deuxième objectif n'aboutisse pas - auquel cas vous devrez vous contenter de l'AAR++. Cela dit, à cette date (8 janvier), les cultures et religions de départ sont toutes placées et j'ai commencé à créer la carte de facto, avec titres, personnages et tout et tout. Et il va de soi que j'ai un paquet d'idées sur le papier. "Ya plus qu'à" !
     
    Bonne lecture !
  5. Rhysaxiel
    Histoire récente
     

     
    Les premiers mouvements d'unification tribale ont lieu en Hibernie.

     
    L’Hibernie est pour la première fois unifiée en 522 AVC (-231) par l’un des chefs tribaux de la région. Le royaume tribal qui en est issu domine pour un temps l’île de Britannia en en contrôlant la partie centrale.
     

     
    Son rival dans le sud de Britannia, la tribu des Catuvellauni, proclame son chef roi de l’île de Bretagne en 557 (-194) et entreprend en réaction la conquête progressive des deux îles.
     

     
    Peu avant l’arrivée de Rome, le royaume contrôle l’île de Bretagne en majorité (seuls les Pictes sont indépendants) ainsi que quelques territoires en Hibernie, le royaume régnant sur cette dernière ayant périclité.
     

     
    Rome entre en conflit avec Britannia pour la première fois en 596 (-157), ceux-ci étant alliés des Carpetani dont le Sénat romain exigeait alors la soumission. L’année suivante, une opération militaire dans l’île de Bretagne est montée par les généraux Titus Vesuvius Varo, assigné à la défense du littoral gaulois, et Marcus Aemilius Paullus, envoyé par le Consul sitôt celui-ci informé des intentions de Varo. En 601, Rome annexe la côte sud de l’île et le royaume de Bretagne devient un tributaire de Rome.
     

     
    En 614 (-139), la Bretagne se soulève contre Rome, dans un contexte plus large de rébellions au sein des clients de la république doublés de soulèvement barbares en Gaule. En 616, la paix renouvelle le tribut et acte la renonciation de Britannia aux terres conquises par Rome.
     
    En 642 (-111), la première colonie romaine est fondée à Cantii.
     
    En 688 (-65), deux amis et alliés politiquement, le général Marcus Aemilius Marullus et le gouverneur romain de Britannia Decius Silius Leptis, planifie la conquête de territoires sur un royaume de Britannia en très mauvais état. En proie à l’instabilité politique, le royaume entre en guerre civile l’année suivante. Rome joue sur les deux tableaux, combattant rebelles et loyalistes pour son plus grand profit. En 693 (-60), Rome acquiert la moitié de l’Hibernie sur les rebelles et réduit le territoire loyaliste à leur capitale et la Calédonie conquise sur les Pictes.
     

     
    Britannia profite de l’instabilité frappant l’Hibernie romaine en 697 (-56) pour se lancer à la reconquête de son territoire perdu. A l’issue de cette guerre, seule Trinovantes, oppidum capitale du royaume de Britannia, reste libre.
     

     
    Le reste est conquis par Rome qui unifie l’Hibernie. En 704 (-49), un soulèvement mineur de Britons est écrasé sans difficultés. Trinovantes est conquise en 706 (-47) unifiant Britannia. En 745 (-8), une colonie romaine est fondée en Tiberni, Colonia Septima.
     

     
    La situation en 843 AVC (90)
    La réforme nicienne a donné à la Britannia et l’Hibernia trois provinces : Hibernia, Britannia proper et la Caledonia. Les gouverneurs de ces provinces sont nommés par le Sénat avec un veto possible de la part de l’Empereur. Chaque province dispose d’une armée provinciale sous le commandement du gouverneur.
     
    La romanisation est lente sur l’ensemble du territoire, mais s’est effectuée très rapidement dans le sud de l’île, conquis très tôt. Deux colonies existent, une en Britannia proper (Cantia) et une en Hibernia (Colonia Septima). Seule la côte sud est organisée en Civitas selon le modèle romain. Le reste du territoire suit encore les démarcations tribales et reste rythmé par les querelles entre chefs de clans. Ces querelles ont l’avantage détourner les tribus de la remise en question le pouvoir romain, généralement bien perçu en raison des développements urbains qu’ont apporté les envahisseurs.
     
    Cultures
     

     
    L’Hibernie est divisée entre les différentes cultures mythiques d’Irlande : Cruthin, Gaels, Laigin, Fir Damnann et Builg. Difficile de savoir si ces cultures ont existé, mais j’ai préféré apporter un peu de variété. L’unification sous la culture « irish » peut se faire de trois manières :
    - un roi d’Hibernia d’une des cultures mythiques est indépendant : les cultures des territoires sous son contrôle basculent progressivement vers « irish »
    - par l’unification religieuse chrétienne : un personnage souverain d’une des cultures mythiques et de religion chrétienne adoptera la culture « irish », idem pour des territoires suivant cette configuration
    - par transfert depuis la culture hiberno-romaine : des personnages de cette culture n’ayant pas de suzerain romain (ou l’Empire en suzerain) ou étant eux-mêmes indépendants et au moins duc adopteront la culture « irish » et la diffuseront à leur territoire.
     
    Britannia est, contrairement à l’Hibernie, unifiée culturellement. C’est une simplification historique certainement abusive, mais c’est mon choix. Les Britons sont amenés à éclater entre différents ensembles : « welsh » (gallois), « cornish » (de Cornouailles), « cumbric » (Cumbrien) et une hypothétique « briton » représentant une évolution de la culture « brythonic » (les Britons sur la carte en début de partie). L’évolution se fait géographiquement : un seigneur « brythonic » indépendant peut basculer vers l’une des autres cultures selon sa localisation géographique. Les territoires sur son contrôle basculent progressivement.
     
    Cela signifie par exemple qu’un seigneur contrôlant le sud (donc basculant « cornish ») peut diffuser cette culture sur une large zone, y compris sur celle déclenchant théoriquement une autre culture (s’il contrôle des terres au Pays de Galles, elles basculeront « cornish » et non « welsh »). Des zones (et personnages) « brythonic » peuvent basculer « briton » au fil du temps, pour peu que le tout reste unifié sous un seigneur « brythonic » indépendant. Les brito-romains suivent la même évolution mais avec un plus grand délai.
     
    Religions
     

     
    Rien de très compliqué ici : les druidismes celtes sont localisés et le panthéon romain se diffuse lentement. Les druidismes ne sont pas des cultes « expansionnistes » et ne se diffuseront probablement pas (sauf cas exceptionnel : seigneur zélé avec de bonnes stats et de culture non romanisée).
     
    Points d'intérêt
    Les gouverneurs romains ont intérêt à développer les institutions romaines dans leur province, et donc de veiller à la romanisation progressive des élites locales. Diffuser le culte romain et coloniser sont des options viables, mais coûteuses en temps et en moyens. Il peut aussi être intéressant de maintenir la division entre tribus pour ne pas voir son pouvoir contesté...
    Un chef tribal peut avoir intérêt à coopérer avec Rome pour acquérir du pouvoir, et pourquoi pas après romanisation de sa tribu/famille d’intégrer la vie politique romaine et monter en grade. Ou au contraire, lutter contre l’envahisseur et le chasser pour unifier une partie du territoire sous sa bannière.
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  7. Rhysaxiel
    La Pologne sous le règne d'Elżbieta Kondeusza (1740-1783) - Seconde partie (1743-1783)
    La naissance des flottes de la Baltique et de la Mer Noire (1740-1780)
    La déclaration de la reine mit en lumière un manque flagrant au sein de l’Etat polonais : l’absence totale de flotte pour protéger les côtes. La Pologne ne possède plus de flotte hormis quelques corsaires commissionnés depuis 1643, date à laquelle les vaisseaux ayant survécu aux destructions des années précédentes ont été vendus. Ce désintérêt total pour la chose navale est dû à la combinaison de plusieurs facteurs : l’absence d’entrain de la noblesse pour la marine, les conflits principalement terrestres dans lesquels était engagée la Pologne jusqu’alors, et la relative étroitesse du littoral avant les reconquêtes des années 1700-1720. Cela change progressivement au cours du XVIIIe siècle, qui voit se développer l’idée de deux flottes dédiées à la défense des côtes. Principalement des flottes de littoral, des « eaux brunes » ou « eaux vertes » selon la terminologie contemporaine, leur rôle serait de détruire toute invasion ennemie et empêcher le blocus des ports polonais. La situation géographie de la Pologne fait qu’une flotte de haute mer présente très peu d’intérêt pour elle. La reine appuie cette idée dès les années 1740 et le mariage de sa première fille avec le roi du Danemark donne une impulsion supplémentaire au projet (voir plus loin). La flotte de la Baltique prend appui sur les villes commerciales, notamment Dantzig, qui acceptent l’idée d’une flotte polonaise à condition qu’elle protège aussi les navires de commerce. La flotte de la Mer Noire s’appuie quant à elle en partie sur les éléments cosaques, construisant traditionnellement de petites embarcations dédiées aux raids et ayant montré leur capacité de harcèlement dans la guerre de Ruthénie, ainsi que sur une flotte classique basée à Jedisa (historiquement Odessa), nouvelle ville fondée par les Cosaques à partir du village de Khadjibey dans le Yedisan, et qui voit ses infrastructures portuaires se développer au fil du siècle. Ce n’est toutefois pas avant les années 1780 que la Pologne est en mesure d’aligner un nombre suffisant de navires pour ne serait-ce que couvrir les côtes, faute de chantier navals suffisants grands et nombreux et à cause d’un manque criant d’expérience dans la construction navale. Les 8 premiers navires de ligne sont acquis en 1749 suite à un traité passé avec les Provinces-Unies en échange de tarifs douaniers préférentiels en Prusse, alors que la République investit dans trois nouveaux arsenaux près de Gdańsk, Jedisa et de Riga pour être en mesure de construire par la suite ses propres navires. En parallèle, des galères, plus petites et adaptées à la guerre dans des mers quasi fermées, sont mises en chantier. Le succès de la flotte de galères russes pendant la Grande Guerre du Nord a réhabilité ces vaisseaux autour de la Baltique, d’abord au Danemark, puis en Suède et enfin en Pologne considérablement en retard sur ses voisins. L’arsenal de Riga est terminé en 1755, celui de Gdansk en 1757 et celui de Jedisa en 1764.
    Le repeuplement de la Grande Principauté de Ruthénie
    La sécurisation de la frontière sud par l’établissement des fortins Cosaques et la sédentarisation progressive des Tatares de la région ont considérablement réduit les raids, tatars ou plus rarement kalmouks, qui ravageaient autrefois régulièrement le sud de la Grande Principauté, longtemps appelé « plaines sauvages ». Les cartes du géographe et ingénieur Guillaume Vasseur de Beauplan montraient en effet une région complètement dépeuplée.

    Carte accompagnant la description d’Ukranie de Beauplan (1660). Le sud se situe vers le haut. On y distingue les côtes de la mer d’Azov et les plaines sauvages. Les rares lieux d’habitation longent le Dniepr. Kiev se trouve au centre de la carte, deux tiers vers le bas. Vous pouvez la trouver en King Size ici ! J'adore cette carte
    Les fortins cosaques et Saraï tatares forment la base d’un tissu urbain encore très léger et épars. Les routes qui les relient font l’objet de quelques investissements de la part du Trésor de la Grande Principauté. Le contrôle intégral du Dniestr, du Boug et de la quasi-totalité du Dniepr rendent également ces voies de communication fiables, sûres et utilisables. Le Dniepr, par son étendue et sa largeur devient en quelques années une artère indispensable de la République. Plusieurs projets ambitieux de canaux sont envisagés, mais seul le projet de canal Vistule-Boug-Dniepr se concrétise en 1775, alors que le Dniepr voit plusieurs nouveaux ponts l’enjamber. Jusqu’en 1748, le seul pont permettant de traverser le fleuve se trouvait à Kiev. La forteresse de Kodak, cœur de la future Elżbietagród (historiquement Ekaterinoslav/Dniepropetrovsk), se voit ainsi dotée d’un pont, imitée quelques années plus tard par le village de Krementchuk puis Zaporozhia. Ces ponts sont, tout comme celui de Kiev, temporaires et retirés l’hiver. La débâcle du Dniepr risque en effet d’emporter tout pont sur lequel il est construit et les glaces qui prennent le fleuve en cette saison le rendent facile à traverser sur la majeure partie de son cours. Tout cela contribue à un rattrapage économique spectaculaire de la région. La sécuritation du territoire permet aussi la pleine exploitation des Czarna Ziema, les Terres noires très fertiles de l’Ukraine, dont Beauplan et Conrad de Malte-Brun vantaient la qualité, le dernier écrivant que « la terre ne demande que d'être légèrement remuée » pour obtenir des rendements considérables.
    Les Lumières et la Pologne
    Dans son Esprit des Lois, Montesquieu décrit indirectement le régime politique qui lui semble le plus juste et le plus viable. Rejetant intégralement l’absolutisme de Louis XIV, concentrant de nombreux pouvoir dans les mains d’un seul, il plaide pour un système politique dans laquelle la noblesse ferait contre poids. Deux modèles guident sa réflexion : la monarchie constitutionnelle de la Grande Bretagne et la République des Trois Nations. Il note dans le premier cas le développement du parlementarisme, tandis qu’il décrit à propos de la Pologne à la fois le régime précédent les réformes Condé, qu’il qualifie de « prélude à l’anarchie », « antithèse de la monarchie absolue » donnant dans l’extrême opposé « où le pouvoir est tellement dilué et fragmenté qu’il n’existe pour ainsi dire plus », avant d’éclairer sous un jour très favorable l’équilibre atteint depuis au sein de la République et l’idéal de Liberté qui guide la noblesse du pays. Il relève néanmoins le flou existant entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir législatif, tous deux aux mains des mêmes personnes et source d’abus potentiels.
    Voltaire, après avoir passé deux ans à Berlin, séjourne à Varsovie entre 1751 et 1753 en tant qu’invité de marque de la reine. Alors qu’il a terminé Le Siècle de Louis XIV à la cour de Frédéric II, il termine à Varsovie Micromégas. C’est d’ailleurs sa publication et sa critique de la religion qui provoque le malaise au sein du clergé polonais. Fait assez rare, tant le clergé catholique qu’orthodoxe, protestant et même musulman au sud de la Ruthénie, demande le départ du philosophe. Très vite, une partie des sénateurs séculiers se joint à la demande et rédigent une pétition à la reine, qui cède en 1753. Voltaire est congédié et sommé de quitter le pays. Ne pouvant passer par la Prusse suite à l’interdiction de territoire que lui a adressé Frédéric II, il prend la mer par Gdansk et se rend à Amsterdam, avant de poursuivre sa vie à Genève.
    Elżbieta acquiert un exemplaire de l’Encyclopédie par le biais de ses contacts en France dès 1751, dont elle fait lire certains articles à sa cour et auprès de son cercle d’amis proches. L’interdiction qui frappe l’Encyclopédie en France à partir de 1752 ne trouve pas d’écho en Pologne, malgré l’opposition farouche des Jésuites, déjà remontés en raison du déclin du catholicisme en Ruthénie. Avec la mise en place de la République des Trois Nations, Ludwik II s’était en effet engagé à complètement abandonner les affaires religieuses et réaffirmé la liberté totale de culte garantie théoriquement depuis 1572. A cause de cela, l’église uniate Gréco-catholique de Ruthénie, fondée en 1596 avec comme objectif non dissimulé de ramener les orthodoxes de la région dans l’orbite catholique romaine, perd peu à peu son influence, nombre de ses fidèles reniant peu à peu la domination romaine. Seule une petite minorité, un noyau dur en quelque sorte, persiste à suivre ce rite uniate jusqu’à nos jours. L’expulsion des Jésuite (du Portugal en 1659, de France en 1764, d’Espagne en 1767) provoque par ailleurs une grande inquiétude chez leurs homologues polonais qui, bien que jamais menacés de subir le même sort, font peu à peu profil bas et limitent leur militantisme à la cour de Varsovie, préférant ainsi limiter plutôt que perdre totalement leur appuis et leur influence. Ils sauvent ainsi leur tête, Elżbieta refusant de faire promulguer le bref de Clément XIV de 1773 supprimant la Compagnie de Jésus.
    De l’exercice du pouvoir
    Les évolutions du système politique polonais et la Guerre de Silésie ont fait de l’étendue de l’autorité royale et de celle du Sénat un sujet de débats qui s’étend sur plusieurs années et occupe les discussions des Diètes entre 1746 et 1762. La noblesse, au premier rang de laquelle les sénateurs, demandent en effet à ce que les Diètes générales se réunissent plus souvent, demandant à ce soient convoquées une fois par an au lieu d’une fois tous les quatre ans. La reine ne s’y oppose pas vu que cela améliorerait l’administration de la République, mais la logistique nécessaire à l’assemblée d’une Diète en Pologne rend cette proposition peu réaliste. A chaque Diète, les palatinats doivent en effet élire dans leurs parlements locaux deux représentants appelés nonces, en plus des sénateurs, dont le mandat n’est valable que pour la prochaine Diète générale, puis faire un rapport devant le même parlement local après la Diète générale, ce qui occupe une large partie de l’année. Il faut près de dix ans pour que les Diètes s’accordent sur une simplification de ces procédures. A partir de 1758, les nonces sont élus pour une durée de dix ans et forment une sorte de chambre basse alors que les sénateurs, nommés à vie par le roi depuis les origines de la République, forment une chambre semblable à la chambre des Lords britannique. Le parlement ainsi formé reste cependant uni en permanence, les chambres ne représentent alors pas une réalité politique, seulement une distinction dans le mode d’élection de ses membres. Les subdivisions administratives sont aussi réajustées lors de cette même diète. Les territoires de Prusse, de Silésie, de Livonie, de Courlande et d’Estonie, qui ne dépendent directement ni de la Pologne, ni de la Lituanie, ni de Ruthénie et disposaient tous d’un statut particulier, sont désormais tous traités comme des palatinats pour l’élection des nonces et des sénateurs, bien qu’ils gardent leurs législations locales.
    L’autre principal problème réside dans l’indiscipline dont on fait preuve les généraux de la République, déclenchant par la même occasion la Guerre de Silésie. Bien que celle-ci se soit achevée idéalement pour la Pologne, cette indiscipline questionne frontalement l’autorité du souverain sur ses généraux. Ceux-ci étaient largement soutenus par les autres sénateurs, sans pour autant que ces derniers ne soient suivis par la noblesse. Aussi Elżbieta espère-t-elle avec cette réforme pouvoir contrebalancer des sénateurs trop impétueux avec les membres de la chambre basse, généralement issus de la noblesse moyenne ou inférieure. La reine a également veillé à sanctionner, dans les limites de son pouvoir, lesdits généraux. Ainsi, à la mort de Józef Potocki en 1751, elle a refusé d’attribuer le grand généralat à Klemens Branicki, petit général de Pologne pendant la guerre de Silésie, lui préférant Wacław Rzewuski. De même, Michal Radziwill n’est pas promu grand général de Lituanie, Michał Józef Massalski recevant cet office dès 1744. Ainsi, à défaut de pouvoir les disgracier et leur retirer leur charge, ce qui eut été possible en cas de défaite polonaise pendant la guerre, la reine gèle néanmoins toute possibilité de promotion pour eux en les maintenant indéfiniment sous la tutelle d’un autre officier. Le message est ainsi très diplomatique mais néanmoins clair. On ne relève plus aucun cas d’insubordination au cours du règne de la souveraine – ceci étant néanmoins facilité par les années de paix.
    Mariages et succession
    La reine a trois enfants : Karl, né en 1722 mais mort à 8 ans, Ludwika-Henrietta, née en 1728 et Ludwik-Francisek, né en 1734. Henrietta est mariée à Frédéric V, roi du Danemark et de Norvège en 1743 (historiquement, c’est Louise de Hanovre, fille de George II de Grande Bretagne). Ce mariage a une portée symbolique, c’est en effet le premier mariage d’une Bourbon de Pologne hors de Pologne même et de France. Les termes de cette union incluent également des concessions mutuelles sur le trafic commercial dans la mer Baltique : une baisse des droits de douanes dans les ports des deux royaumes, la libre circulation des flottes près des côtes, l’exemption de péages pour le détroit de l’Øresund en faveur de la Pologne et des avantages commerciaux pour le Danemark sur le territoire de la République. Les deux royaumes s’engagent également à défendre la liberté de commerce dans la Baltique déclarent poursuivre des intérêts communs sur cette mer. Un accord conclu séparément quelques mois après mariage précise notamment que toute menace d’ordre naval ou commercial contre le Danemark est de fait une menace contre la Pologne et inversement, et que les deux royaumes uniront leurs flottes, que la Pologne doit encore développer à l’époque, pour y faire face. Précision utile, seule la future flotte de la Baltique est concernée. Le traité inclue également la taille minimale que la flotte polonaise s’engage à développer et traite de l’achat de certains navires et de l’envoi de spécialistes en construction navale en Pologne.
    Ludwik-Francisek est quant à lui marié en 1750 à Ludwika-Maria Poniatowska (historiquement, sœur du dernier roi de Pologne Stanislas Poniatowski). Par ce mariage, Elżbieta s’assure le soutien d’une famille anoblie au XVIIe siècle seulement, mais à l’influence croissante : les Poniatowski. La famille, proche de la très puissante famille Czartoryski, a vu ses principaux membres s’élever de la petite noblesse aux offices sénatoriaux en deux générations seulement. Le grand père de Ludwika-Maria, Francisek, était en effet titulaire d’un petit office sans grande valeur à la cour alors que son père, Stanislas, s’est vu attribuer le titre de castellan de Cracovie (premier sénateur séculier). Les frères de Ludwika-Maria s’illustrent quant à eux dans diverses charges militaires. La question de la succession ne se pose pas : bien que fille aînée, Ludwika-Maria est exclue officiellement par la Diète de 1766. Elle n’a jamais manifesté la moindre envie de régner, Elżbieta ne l’ayant pas encouragé vers cette voie de peur de froisser une partie de la noblesse du pays. Son mariage avec Frédéric V, en tant que reine consort, ferait également d’elle une reine de Pologne soumise à un autre roi, ce que la noblesse refuse catégoriquement. Ludwik-Francisek (Louis-François) est ainsi élu successeur en 1770, aucun autre prétendant ne s’étant présenté. Elżbieta, alors âgée de 68 ans, en fait de facto un corégent. Il faut donc considérer le règne de Ludwik dès le milieu des années 1770, bien que son règne ne commence officiellement qu’en 1783.
    Les historiens étudient souvent en parallèle le règne d’Elżbieta de Pologne et celui de Catherine II de Russie, poussés par le fait que les deux femmes montent sur le trône de deux grandes puissances aux portes de l’Europe à peu près à la même période. Les deux souveraines, voisines, ne se sont pourtant jamais rencontrées. Le règne d’Elżbieta, marqué par la plus longue période de paix de toute l’histoire de la Pologne, voit celle-ci rester sur son territoire, se rendant à Vilna, Kiev, Królewiec (Königsberg), Riga ou Wrocław. Son seul déplacement à l’étranger fut à Copenhague pour le mariage de sa fille. Ce règne marque ainsi une période de stabilité et de consolidation de la République. Catherine II incarne au contraire l’expansion, le dynamisme et le développement. Elle étend les frontières vers l’Asie, se défend face à l’Ukraine, donne à la Russie un accès sur la Mer Noire par ses conquêtes de la région du Don et de l’Azov. La pénétration des Lumières dans les deux Etats est semblable, menant dans les deux cas à un développement agricole et pré-industriel accéléré. On note également un renforcement progressif de l’appareil d’Etat, sous la forme d’une harmonisation de l’administration en Pologne tandis que la Russie centralise progressivement son pouvoir, notamment après la révolte de Pougatchev. Enfin, les deux pays progressent dans l’éducation de leurs sujets, avec la création d’écoles primaires et secondaires ainsi que d’éducation pour les jeunes filles nobles, sur le modèle de ce qu’a créée Madame de Maintenon au siècle passé. En Pologne, cette période est appelée la « Seconde Modernisation », la première datant des réformes de Louis Condé.
  8. Rhysaxiel
    La Pologne sous le règne d'Elżbieta Kondeusza (1740-1783) - Première partie (1740-1743)

    Louise-Elisabeth Condé, dite Ludwika-Elżbieta Kondeusza (1702-1783)
    L’élection d’une reine et la question de la titulature (1740-1742)
    Les premiers mois de règne d’Elżbieta furent occupés par un problème strictement juridique, à savoir la question de la titulature exacte de la nouvelle souveraine. La Pologne et la Pologne-Lituanie ont eu chacun une reine régnant en son nom propre par le passé. Jadwiga Andegaweńska, également appelée Hedwige d’Anjou, a été couronnée « Roi » en 1384 car elle était la seule héritière vivante de Louis d’Anjou qui l’a précédé sur le trône. Son couronnement se doublait de nouveaux privilèges accordés à la noblesse et s’inscrivait dans le projet d’union avec la Lituanie, le « roi » Jadwiga épousant quelques mois plus tard Jogaila Algirdaitis (Ladislas Jagiellon), fondateur de la dynastie Jagiellon et premier de sa lignée à régner sur la Pologne, inaugurant ainsi un peu plus de 200 ans de stabilité dynastique. Le couronnement de Jadwiga en tant que « roi » avait pour but de rappeler qu’elle régnait en titre et de droit, et qu’elle était au moins l’égale de Jogaila qui n’était pour sa part que Grand-duc de Lituanie. Le cas d’Anna Jagiellon, est quelque peu similaire. En 1572, le dernier membre mâle de la dynastie Jagiellon en la personne de Sigismond Auguste, s’éteint sans héritier. Alors que le principe de l’élection royale s’impose en 1573, abandonnant la succession polonaise par séniorité, le Sénat décide que le nouveau roi qui doit être élu par la noblesse, outre l’adoption de diverses lois, doit prendre pour épouse Anna Jagiellon, dans un souci de continuité dynastique. Henri de Valois, le futur Henri III, est élu roi de Pologne en 1573 mais repart en France pour y être couronné roi quelques mois plus tard, laissant la Pologne sans souverain. Stefan Bathory est élu pour lui succéder, en 1575, et épouse comme promis Anna. Tous deux sont couronnés co-régents de Pologne et de Lituanie.
    Le cas d’Elżbieta n’est ainsi pas complètement nouveau, mais il est le premier cas qui se présente depuis l’instauration de l’élection royale. La noblesse aurait pu élire n’importe quelle personne, comme les lois polonaises l’autorisent, mais l’absence de candidat en dehors d’Elżbieta et le prestige de la famille Condé en Pologne ont fait qu’une femme a été librement élue roi, de droit. Le Sénat est ainsi animé par plusieurs débats après l’élection : cette élection revêt-elle un caractère exceptionnel ? Quelle titulature doit-être utilisée ? Quels sont les pouvoirs de son mari ? La reine est en effet mariée, avec l’accord du Sénat, depuis 1724 à Louis-François de Bourbon-Conti (1700-1776), et la question de ses attributions se pose. La Diète de 1742, la première à être réunie sous le règne d’Elżbieta, règle les deux derniers points. Elżbieta se voit attribuer le titre de « reine régnante », Królowa panująca, tandis que son mari est qualifié de « roi consort », Król małżonek. Les lois sont ajustées et désignent désormais non plus les pouvoirs du roi, mais ceux du « souverain », effaçant dans le droit la mention implicite du sexe du souverain. La reine possède ainsi les mêmes pouvoirs que les rois qui l’ont précédé tandis que son mari a les mêmes attributions que les reines des précédents souverains.
    L’escalade armée en Silésie (1740-1743)
    L’intervention polonaise en Silésie pendant la guerre de Succession d’Espagne a redonné un souffle nouveau aux partisans, relativement peu nombreux, de la restauration de la Silésie à la Pologne. La région fut en effet pendant longtemps la dernière possession de la dynastie Piast, la première dynastie des rois de Pologne, dont la branche cadette dite des « Piast de Silésie » s’est éteinte en 1675. De même, l’Autriche a souvent proposé au XVIIe siècle une partie des revenus de la région en dot à toutes les candidates que l’archiduché soutenait pour devenir reine de Pologne. Ainsi, Cecilia-Renata von Habsbourg, la dernière reine de Pologne autrichienne, percevait-elle les revenus des duchés d’Opole et de Ratiborie. Bien que la région soit maintenant des terres d’Etat de la couronne de Bohême, possession Habsbourg, l’autorité autrichienne n’est pas établie, et la fragilité dont a fait preuve l’archiduché les 30 années précédentes n’ont pas aidé à l’affermir.
    En octobre 1740, l’archiduc et empereur Charles VI décède, léguant ses biens à sa fille Marie-Thérèse en vertu de la Pragmatique Sanction permettant que les trônes autrichien, hongrois et bohémien soient hérités par femme, de même que la souveraineté sur les possessions autrichiennes en Italie et dans les Pays-Bas. Ce décret, qui ne concerne pas le trône du Saint-Empire, ne fut que partiellement accepté dans celui-ci et en Europe, au prix d’une bataille permanente et de diverses concessions. La France l’a ainsi accepté au prix de la cession du duché de Mantoue à un prince Conti, la Grande Bretagne au prix de la cessation des activités de la Compagnie d’Ostende dans les Indes, l’Espagne au prix de la cession du duché de Parme à l’infant Don Carlos, tandis que Frédéric II y a souscrit par fidélité à l’Empire. C’est pourtant ce dernier qui déclenche les hostilités en envahissant la Silésie sans déclaration de guerre préalable. Son père, le « roi sergent », a demandé à plusieurs reprises la cession de la Silésie en compensation de la perte de la Prusse ducale au profit de la Pologne, la Prusse se sentant abandonnée par l’Autriche pendant la guerre de succession d’Espagne. L’Autriche, quant à elle, est complètement désorganisée militairement et financièrement à cause de son dernier conflit contre l’Empire ottoman et la perte successive de revenus en Italie et en Hollande. A l’hiver, la Silésie est occupée.
    Côté Français, un fort courant d’opinion se prononce pour affaiblir l’Empereur. Louis XV prétexte que les intérêts de l’électeur de Bavière, héritier au trône impérial par le testament de Ferdinand Ier, sont lésés par la Pragmatique Sanction. La France entre à son tour en guerre contre l’Autriche au printemps 1741. La Pologne fait quant à elle part de son inquiétude : la Prusse est clairement un Etat ennemi tant que celui-ci prétend à ses territoires de Prusse orientale, la preuve de ces prétentions étant le refus de Frédéric II d’abandonner le nom de « Prusse » au profit de « Brandebourg » géographiquement correct. De plus, la Silésie une région historiquement polonaise, comme le clame haut et fort plusieurs sénateurs polonais poussant à la guerre. La Pologne obtient de la France qu’elle ne s’allie pas à la Prusse et qu’elle ne combatte qu’exclusivement pour les intérêts de l’électeur de Bavière et ses intérêts propres. Ainsi, en juillet, Louis XV déclare ne pas soutenir les prétentions prussiennes en Silésie, soutenir la prétention de Charles Albert de Bavière au trône du Saint-Empire mais reconnaître en parallèle les droits de Marie-Thérèse sur les possessions Habsbourg. Il est appuyé en cela par la reine Elżbieta et le Sénat, voyant d’un bon œil la séparation des trônes autrichiens et impériaux. La souveraine refuse néanmoins de s’engager malgré les pressions des sénateurs. Les troupes franco-bavaroises avancent ainsi contre l’Empire, Maurice de Saxe prend Prague en novembre 1741, où Charles Albert de Bavière est couronné roi de Bohême, après avoir été couronné archiduc d’Autriche plus tôt dans l’année à Linz. Les éléments croates et hongroises des troupes impériales se lancent alors dans une « petite guerre » destinée à user l’armée française. Louis XV fait formellement appel à Elżbieta au cours de l’hiver 1741, qui cède et entre en guerre contre l’Autriche au printemps 1742. L’entrée des troupes polonaises en Hongrie poussent Marie-Thérèse à la table des négociations, où elle tente de monter la Prusse contre la France et la Pologne. Frédéric II propose en effet d’accepter la Pragmatique Sanction en échange de la Silésie, ce que refusent catégoriquement la France et la Pologne, prétextant l’absence totale de la moindre revendication prussienne sur ces terres. Marie-Thérèse propose à la France et la Pologne de s’engager contre la Prusse, ce que refuse Louis XV, seulement enclin à soutenir l’électeur de Bavière.
    En mai 1742, Marie-Thérèse accepte les propositions françaises et prussiennes séparément. Elle cède ainsi la Silésie à Frédéric II et reconnaît Charles Albert de Bavière comme Empereur. Il est couronné en novembre 1742. Côté polonais, c’est la consternation. Le Sénat appelle à envahir directement la Silésie, arguant que cette guerre contre l’Autriche a principalement profité à « l’Electeur de Brandebourg prétendument roi de Prusse ». Outrepassant les volontés de la reine qui appelait à l’apaisement, Józef Potocki et Jan Klemens Branicki, dirigeant les troupes en Hongrie, font mouvement vers le nord et entrent par surprise en Silésie. Les prussiens sont défaits à Brzeg, mais Frédéric II stoppe l’armée polonaise devant Breslau, profitant de la supériorité de son matériel. La situation bouge peu jusqu’en 1743, où le Sénat, toujours pris dans une fureur belliciste, envoie contre la Prusse les armées de Lituanie avec Ludwik Pociej et Michal Radziwill à leur tête, ainsi que les Ruthènes et Cosaques menés par Yakiv Lyzohub. Frédéric II, voyant les effectifs ennemis subitement presque tripler, abandonne la Silésie, espérant voir les armées polonaises entrer dans le Brandebourg pour appeler à l’aide les autres royaumes. Il n’en est rien, la reine reprenant le dessus sur un Sénat quelque peu apaisé et refusant catégoriquement d’entrer en territoire prussien et la France faisant savoir qu’une telle violation du territoire, même ennemi, ne trouverait pas de partisan même chez ses plus fidèles alliés. Frédéric accepte la défaite et cède à la Pologne la Silésie tout juste conquise à l’automne 1743 par le traité de Gliwice. Quelques mois plus tard, la reine déclare publiquement aux souverains d’Europe que la Pologne a recouvré ses territoires européens historiques et légitimes. Dans la Deklaracja Elżbiety, elle s’engage à ne plus étendre ses frontières contre les Etats voisins, le document citant « le Brandebourg-Prusse », la Suède, l’ensemble des possessions Habsbourg et leurs satellites, le Saint-Empire dans sa totalité, la Russie, ainsi que l’Empire ottoman. La Pologne se réserve le droit à la guerre pour protéger son intégrité et aider ses alliés. Ce que la reine ne sait alors pas, c’est que cette déclaration suit le dernier engagement militaire de la Pologne avant les guerres napoléoniennes.

    La Pologne selon les frontières définitives énoncées par Elżbieta en 1743
  9. Rhysaxiel
    La Pologne sous Ludwik II Kondeusz (1689-1740) - Seconde partie (1721-1740)
    Vers une nouvelle modernisation (1721-1727)
    La Pologne sort de ces deux conflits très largement épargnée : pour la première fois depuis longtemps, l’ennemi n’a pas posé le pied sur le territoire de la République. Son roi se retrouve auréolé d’un prestige immense, qu’il consacre largement à son agenda politique. Fidèle à l’engagement de son grand-père, Louis II, qui se fait désormais appeler Ludwik II, s’engage à partir de l’année 1721 à l’intégration définitive de la Ruthénie. Ce projet rencontre plusieurs oppositions, tout d’abord au sein des noblesses polonaises et lituaniennes, pour qui l’égalité de droits offerte en 1696 constitue un maximum tolérable et souhaitable. Au sein même de la noblesse ruthène, des voix s’élèvent contre l’intégration à la République et demandent au contraire l’indépendance totale de la Ruthénie. Cette opposition a été tout d’abord incarnée par l’hetman Ivan Mazepa, partisan du dialogue avec le roi de Pologne. Décédé en 1715, c’est un officier cosaque d’ascendance Tatare, Vassili Vassilievitch Kotchoueï, qui prend la tête de l’opposition. Nettement plus enclin à l’action armée, il accompagne ses revendications d’indépendance de menaces de guerre civile. Ludwik II joue l’apaisement et tente de rallier le Cosaques et Ruthènes partisans de la solution à trois nations. Le roi obtient l’élargissement du registre Cosaque, permettant à un plus grand nombre d’homme de servir la couronne et de percevoir une solde du roi. La noblesse polono-lituanienne s’est longuement opposée à cet élargissement qui était un des motifs du soulèvement de Khmelnitski de 1648 car un tel acte gonflait l’armée royale, réduisant mécaniquement la puissance des armées privées. Mais avec la disparition de la plupart de ces armées, seules quelques familles sont encore opposées au roi sur ce point, aussi la Diète put-elle valider l’élargissement du registre en 1722. Perdant du terrain en politique, Kotchoueï cherche des appuis à l’extérieur du royaume. Il se tourne d’abord vers les Tatars de Crimée et leur suzerain ottoman en 1725, puis vers la Russie en 1726. Un accord secret lie le Cosaque à ces deux pays, prévoyant une attaque conjointe contre la Pologne pour libérer les territoires tatares et cosaques sous domination polono-lituanienne. La défection d’un proche de Kotchoueï, Danylo Apostol, informe la Pologne d’une partie de ces tractations. La Diète de 1726, réunie à l’automne, est largement consacrée à ces informations et à la situation en Ruthénie. Outre les troubles occasionnels provoqués par les partisans de l’indépendance, le roi appuie fortement sur les révélations d’Apostol pour convaincre les Polonais et les Lituaniens de la nécessité de prendre une décision, plus de cinquante ans après la promesse de Louis Ier. La Diète s’achève sans décision, Apostol étant accusé d’avoir entièrement inventé les informations qu’il prétend détenir. Il faut attendre l’attaque conjointe de la Russie et de l’Empire ottoman pour débloquer la situation.
    Les réformes administratives reprennent avec la paix. La réintégration de la Prusse ducale en tant que fief, après de nombreuses années d’une gestion soignée par les Hohenzollern, appuie les projets de Ludwik II. Le contexte aidant à une diminution de la charge de travail touchant les paysans, la frange la plus aisée de la paysannerie, ou celle produisant des denrées se vendant à bon prix, négocie avec les seigneurs le principe d’une location de la terre où les paysans sont libre de la travailler à leur guise en échange d’une rente en argent payée aux seigneurs. Ceux-ci s’exemptent ainsi de la lourde gestion des revenus et de la revente des biens produits sur leurs terres tout en gardant un substantiel bénéfice, permettant le maintien de leur niveau de vie. Les gains de productivité sont ainsi croissants en Grande Pologne et en Prusse royale, premiers territoires à appliquer ces principes. En deux décennies, ce fonctionnement s’étend à toute la Pologne, la Lituanie et la partie nord du palatinat de Kiovie. Le roi profite ainsi du retrait progressif de la noblesse sur leur seuls domaines familiaux pour élargie le pouvoir des institutions locales. La Diète de 1722 octroie ainsi aux châtellenies (subdivisions des palatinats) l’exercice de la justice et la gestion économique sur son territoire. L’exercice de la justice est largement simplifié, avec la disparition des nombreuses cours particulières, remplacées par les cours châtelaines et les cours palatines. Les cours suprêmes de Pologne, de Lituanie sont maintenues, puis, à partie de 1734, complétées par celle de Ruthénie.
    La guerre de Ruthénie (1727-1730)
    La guerre débute par une insurrection armée à l’été 1727 sur la rive droite du Dniepr. Kotchoueï rallie tous ses partisans et, à l’aide d’armes fournies par la Russie, attaque la région. Chernigov et Poltava tombent, l’armée polonaise étant stationnée à Kiev, de l’autre côté de la rivière. Adam Mikołaj Sieniawski, devenu grand Hetman, prend la tête de cette armée et marche contre Kotchoueï. Défait une première fois devant Poltava, Sieniawski le poursuit jusqu’à Tchernigov qu’il refuse de défendre, fuyant en territoire russe. Pierre II, sous l’influence de Menshikov, homme fort de la Russie, rejette les demandes polonaises de lui livrer le chef rebelle, et envoie une armée forte de 60.000 hommes contre Sieniawski qui est battu devant Tchernigov. Le grand hetman se replie sur Kiev, abandonnant la majeure partie de la rive droite du Dniepr. Les Cosaques défendant le sud de la frontière offrent une résistance opiniâtre au fortin de Pavlograd, construit par les Cosaques quelques années plus tôt, et à Lozova, également fortifié les décennies précédentes par les colons de Ruthénie. A l’arrivée de l’hiver, ces places fortes tiennent toujours, et gênent considérablement les plans de la Russie qui ne peut marcher contre Sieniawski. Le soutien de la population cosaque promis par Kotchoueï est également absent. Pendant l’hiver, le Sénat polonais vote la levée d’une seconde armée pour faire face à la Russie, armée dont le roi et le petit général Stanisław Chomętowski prennent la tête. Au printemps, l’armée se met en mouvement vers Tchernigov qui est reprise sans combat. L’armée russe est paralysée par les événements se déroulant à Saint-Petersbourg : le prince Menshikov est tombé en disgrâce et envoyé en Sibérie sous la pression de la vieille noblesse russe. Le jeune tsar s’avère peu intéressé par la gestion de son Etat et ses proches, le prince Aleksey Dolgorukov et son fils Ivan, l’incitent à les suivre dans leur train de vie léger, loin des responsabilités de la cour.
    Personne n’ose prendre de décisions importantes de peur de sanctions de la part du tsar, aussi la petite armée russe en l’absence d’ordres, recule devant l’armée polonaise, refusant le combat et se retirant en Russie même. En parallèle, l’Empire ottoman remplit à son tour son engagement, entrant en Moldavie, passant le Danube depuis Silistra et ordonnant à ses vassaux de Crimée de lancer des raids sur le territoire polonais. Tout comme les Russes avant eux, les Tatars butent contre les fortins cosaques, servant de point d’appui à de petites troupes de cavaliers pouvant intercepter les détachements tatars. Ceux-ci pillent quelques villages à la frontière avant de se replier faute de cible accessible et de se lancer dans un raid contre le territoire russe. L’attaque au travers du Danube manque de tourner au désastre pour l’Empire ottoman qui, privé du moindre effet de surprise, voit ses troupes harcelées par de petites embarcations cosaques alors qu’elles traversent la rivière. Une fois de l’autre côté, les fortins s’avèrent être des cibles difficiles, forçant l’armée ottomane à mener de nombreux sièges tout en affrontant la mobilité cosaque sans grand gains. Les Turcs ont plus de succès en Moldavie où ils entrent sans grande résistance. Sieniawski est envoyé d’urgence défendre la Moldavie, mais il lui faut plusieurs semaines de marche pour atteindre l’armée turque, temps mis à profit pour prendre Chisinau et Iasi. Ludwik II se maintient face à la Russie et profite des troubles en Russie pour envoyer une délégation proposer une paix blanche. Les Cosaques défendant la rive gauche pétitionnent auprès du roi et du Sénat, demandant de lancer leurs propres raids en Crimée en représailles du raid Tatare. Le roi le leur accorde, les Cosaques passant ainsi l’été et l’automne à ravager la Tauride. Sieniawski défait l’avant-garde de l’armée ottomane près de Suceava et contre-attaque. Iasi résiste jusqu’à la fin de l’hiver au siège que lui impose l’armée polonaise. La Russie, suite à la proposition polonaise, se retire du conflit au début de l’année 1729, laissant les mains libres à Ludwik II contre l’Empire ottoman. Le Tsar accepte même de livrer Kotchoueï, qui se suicide peu avant sa capture.
    Ludwik atteint le Yedisan au début du printemps, lançant une offensive contre l’armée ottomane près du Danube. Les Turcs sont lourdement défait à Czernawoda, les forçant se retirer. Les glaces qui encombrent encore le fleuve transforment la retraite ottomane en désastre, la cavalerie lourde polonaise fait des ravages parmi les fuyards et bloquent les routes. Ceux qui ne sont pas fauchés par les hussards se noient dans le Danube. Les 40.000 hommes de cette armée sont tous morts ou faits prisonniers. La seconde armée en Moldavie se retire pour éviter l’encerclement. Une délégation ottomane arrive à l’été, alors que Ludwik renouvelle le droit aux cosaques d’attaquer la Tauride. Les deux armées polonaises entrent en territoire ottoman, pillant les villages frontaliers de Bulgarie et réduisant Varna en cendres. En position de force, Ludwik accepte un cessez-le-feu et des négociations. Celles-ci traînent quelques mois, l’Empire ottoman n’acceptant qu’une paix blanche, tandis que Ludwik insiste pour que la souveraineté turque sur les Tatars de Crimée cesse et que l’Empire cède la ville de Silistra, sur la rive droite du Danube. La Porte cède face à la menace de nouvelles attaques. La paix est signée à Varna en février 1730 selon les termes polonais.
    Dix ans de calme (1730-1740)
    Ce conflit, prouvant a posteriori les affirmations de Danylo Apostol, permet de faire taire l’opposition au projet de Trois Nations. La Diète de 1734 vote l’Union de Kiev. La Ruthénie devient par ce texte le troisième Etat de la République. La souveraineté de cet Etat s’étend sur les palatinats de Kiovie, Tchernigovie, Bratslavie, Moldavie et Yedisan. Les lois et privilèges en vigueur sont immédiatement appliqués à la Ruthénie, incluant la création d’une cour de haute justice pour la Ruthénie à Kiev, jugeant en appel toutes les affaires judiciaires de l’Etat. Le titre de Grand Prince de Ruthénie est créé, désignant le souverain de la Ruthénie. Sur le modèle des ministres polonais et lituaniens, huit postes de ministres sont créés pour la Ruthénie, l’Hetman cosaque élu par ses pairs recevant automatiquement la charge de grand général de Ruthénie. De même, les palatins et principaux castellans de Ruthénie sont élevés au rang de sénateur.
    Seule ombre au tableau au règne de Ludwik II, il est pendant très longtemps sans héritier. Après la guerre de Ruthénie, il semble de plus en plus évident que la princesse Ludwika-Elżbieta née en 1702 serait son seul enfant et que la Diète d’élection s’annoncerait agitée. Malgré des protestations émises par les membres les plus conservateurs de la noblesse, l’absence d’alternative crédible à la candidature de la princesse joue en sa faveur. Une première diète convoquée en 1722, n’aboutit pas, mais le roi y obtient néanmoins l’aval du Sénat à ce qu’une femme puisse monter sur le trône de Pologne de droit. Il prit pour cela exemple sur les cas de Jadwiga Andegaweńska et d’Anna Jagiellon, respectivement couronnées Roi de Pologne en 1384 et co-régente de Pologne-Lituanie en 1575. Le Sénat émis néanmoins la condition que la princesse ne devrait être mariée qu’avec une personne choisie par le Sénat, comme il est de rigueur pour les rois de Pologne élus avant d’être mariés. En 1728, une nouvelle diète d’élection est organisée, diète à laquelle, pour la première fois, aucun autre Etat étranger n’a présenté de candidat. La France voit d’un œil favorable le maintien des Bourbons en Pologne tandis que les candidats prussiens, autrichiens et suédois étaient Persona Non Grata en raison des guerres récentes. En Russie, la confusion politique caractéristique du début du règne personnel de Pierre II fait que le Tsar ne présente aucun candidat, après avoir prétendu lui-même à la couronne de Pologne, prétention rejetée en bloc par le Sénat. A la mort de Ludwik II en 1740, Ludwika-Elżbieta devient roi de Pologne, Grand-Duc de Lituanie et Grand Prince de Ruthénie sous le nom d’Elżbieta. Les titres sont maintenus à titre temporaire au masculin car elle est souveraine, et non reine consort. La Diète de couronnement a également pour objet de finaliser la titulature de la souveraine.
  10. Rhysaxiel
    La Pologne sous Ludwik II Kondeusz (1689-1740) - Première partie (1689-1720)

    Louis II Condé (1668-1740)
    Le roi de paix contrarié
    Le roi Louis Ier a placé de grands espoirs de paix dans son successeur, et son petit-fils Louis II ne cesse tout au long de son règne d’œuvrer en ce sens. Toutefois, le contexte international le pousse à plusieurs reprises vers le choix des armes. Le règne de Louis II peut être ainsi résumé en un ensemble de réformes importantes entrecoupées par de sanglants conflits où la Pologne est entraînée par ses voisins bien plus qu’engagée volontairement. La Pologne est impliquée dans la Grande guerre du Nord (1700-1720), la Guerre de succession d’Espagne (1701-1708) et la montée des tensions entre Autrichiens, Prussiens et Polonais au sujet de la Silésie manquent de déclencher un conflit dans les années 1730. Louis II s’attelle aux réformes que n’a pu réaliser son grand père, notamment une refonte de l’administration qui sort progressivement du féodalisme et une intégration croissante de la Ruthénie qui aboutit à l’Union de Kiev de 1734, donnant naissance après de houleux débats au Sénat à la République des Trois Nations et, surtout, la guerre de Ruthénie menée séparément contre la Russie (1727-1729) et l’Empire Ottoman (1728-1730). En 1721, le roi décide de définitivement poloniser son nom ainsi que celui de sa dynastie, se faisait appeler Ludwik Kondeusz, y compris dans les cours étrangères, un geste lui ayant value la sympathie de plusieurs seigneurs polonais.
    Les premières réformes (1690-1700)
    Louis II se consacre très tôt à réformer le fonctionnement administratif de la République. Il s’appuie pour cela sur la bourgeoisie urbaine naissante et les chartes des villes de Prusse royale (Dantzig, Toruń et Tuchola) pour étendre progressivement ce modèle vers le sud du territoire. Le but est ici de donner aux villes des pouvoir judiciaires et administratifs étendus à leurs environs, s’opposant en cela aux riches propriétaires qui y exerçaient leur influence. Les dix premières années voient ces tentatives échouer, notamment à cause de l’opposition à la Diète de la plupart des seigneurs qui refusent de voir ainsi leur autorité écornée. Ces réformes reprennent après la guerre de succession d’Espagne. Dans un autre domaine, le roi s’attèle à démanteler les armées privées en les rendant obsolètes. Le développement des arsenaux et la dotation croissante de l’armée polonaise en artillerie entraîne pour les familles disposant de troupes privées une forte inflation des coûts que la plupart ne peuvent assumer. Au début des années 1710, seules les familles Radziwiłł, Czartoryski, Sapieha, Pacs, Potocki et Wiśniowiecki disposent encore de troupes privées, et parmi celles-ci seules les deux premières sont en mesure d’opposer une réelle résistance à l’armée royale en cas de soulèvement.
    L’économie de la République se diversifie peu à peu, l’urbanisation croissante permettant le développement d’un tissu préindustriel de base, centré sur l’exploitation des ressources naturelles et toute la filière liée aux armements et à la construction navale, largement destinée à l’export en l’absence de flotte polonaise. La balance commerciale, longtemps affectée par la baisse progressive du prix du blé et les destructions des années 1655-1670, atteint un quasi équilibre, ce qui est inédit dans l’histoire de la Pologne. Mécaniquement, la charge de travail exigée des paysans s’allège et on constate tout au long du règne de Louis II un recul progressif du servage, conséquence du contexte économique bien plus que de la volonté directe des seigneurs.
    Au sujet de la Ruthénie, les nobles de la région reçoivent par les statuts de Tyszowice de 1696 les mêmes droits que la noblesse polonaise et lituanienne. La population cosaque se voit également confier une nouvelle mission par la couronne, celle de développer les villages sur la côte de la mer Noire et le long de la frontière turco-polonaise. Ces territoires sont libres de toute domination seigneuriale et les cosaques y jouissent d’une large autonomie. Ils remplissent ainsi un rôle défensif et économique, sécurisant la région contre les raids tatars et permettant le transit de biens en toute sécurité vers ou depuis le reste de la Pologne. La population tatare reste quant à elle en majorité nomade, mais on note dans plusieurs territoires l’apparition de Saraï, littéralement palais, des bâtisses disposant d’une cour intérieure et offrant refuge et protection pour de petites communautés. Ces Saraï représentent les prémices de la sédentarisation des Tatares et ne cessent de se développer tout au long du XVIIIe siècle, mais au temps de Ludwik II, ils servent surtout de point d’appui pour les populations nomades, qui changent régulièrement de Saraï selon les saisons ou les années.
    La guerre de succession d’Espagne : la Pologne alliée de la France (1701-1707)
    Le premier conflit du règne de Louis II découle de son alliance avec la France. A la mort de Charles II, sans descendance, celui-ci désigne en successeur Philippe d’Anjou, petit-fils de Louis XIV. Le jeune Bourbon est couronné roi d’Espagne en 1700 sous le nom de Philippe V, mais la montée sur le trône d’un nouveau Bourbon, après la France et la Pologne par la branche cadette des Condé, inquiète fortement en Europe. L’Autriche considère que la couronne d’Espagne revient à un Habsbourg d’Autriche, tandis que l’Angleterre et les Provinces-Unies craignent une hégémonie, qu’elle soit Bourbon ou Habsbourg, dans le cas où la couronne d’Espagne venait à être rattachée à la France ou à l’Autriche. Par les lettres patentes du 1er février 1701, Louis XIV reconnaît à Philippe V les droits sur la couronne de France. Le conflit est alors inévitable. L’occupation des places de la barrière et l’amélioration des fortifications des Pays-Bas espagnols par la France est la provocation qui entraîne le début des hostilités en Italie et la formation de la Grande Alliance en septembre 1701. L’Autriche s’allie à l’Angleterre, la Prusse et les Provinces-Unies. Le Saint-Empire s’engage largement aux côtés de l’Autriche, menés par le duc de Lorraine. La France est soutenue par les électorats de Bavière et de Cologne puis très vite par la Pologne qui surprend l’Autriche par une offensive automnale en Silésie.
    L’Autriche et la Prusse ont sous-estimé les progrès réalisés par l’armée polonaise sous Louis Ier, les troupes qui défendaient la Silésie sont bousculées et faites prisonnières, tandis que Breslau (Wrocław) tombe après un siège d’une célérité remarquable, la ville ayant complètement été surprise par l’offensive. Ludwik II, à la tête de ses troupes et assisté par le Grand Maréchal Jabłonowski, passe l’hiver à Breslau. Feliks Potocki est quant à lui chargé de lever une armée pour défendre la Prusse royale d’une éventuelle attaque prussienne au printemps 1702. Le commandement impérial profite de l’hiver pour redéployer une partie des troupes contre la Pologne. La Prusse est quant à elle dans l’impossibilité d’aider son alliée face à la France, qui en profite en Italie et en Lorraine dès le printemps 1703.
    L’armée autrichienne est battue à plate couture par l’armée polonaise aux alentours de Gleiwitz (Gliwice) en mai 1703 et doit se replier en Bohême. Une attaque contre la Moldavie par l’Autriche est avortée par un nouveau soulèvement des mécontents hongrois, dont la réintégration à l’Autriche se fait dans la douleur. L’avancée des troupes polonaises donne un second souffle aux révoltés. L’armée autrichienne à l’est est pour ainsi dire paralysée ou fortement perturbée par ces révoltes jusqu’en 1706. Prussiens et Polonais en Prusse royale se regardent sans oser bouger, les forces sont équivalentes et la lourde défaite infligée à l’Autriche à Gliwice a fortement refroidi les ardeurs prussiennes. A la fin de l’année 1703, la Lorraine est intégralement occupée, les Autrichiens sont rejetés au-delà du Pô et les Français ont fait la jonction avec les Bavarois dans le Tyrol. Le duc de Savoie, approché par l’Empereur et offrant jusqu’alors le libre passage à la France, rejette les propositions impériales et maintient sa neutralité. Le Portugal rejoint en revanche la Grande alliance, en l’échange de promesses de terres en Amérique et de la protection anglaise.
    En 1704, L’Empereur renonce à la couronne d’Espagne pour lui-même et son fils aîné. Il propose son fils cadet Charles de Habsbourg comme roi, aussitôt reconnu par ses alliés. L’Angleterre et les Provinces-Unies, par leurs flottes, se chargent de l’amener à Madrid. La Castille se révèle impénétrable depuis le Portugal, mais les Anglais enregistrent un succès en s’emparant de Gibraltar. A l’été, le duc de Marlborough, renforcé par un détachement prussien, attaque en Bavière. Il ne parvient pas à vaincre les franco-bavarois ni même à seulement les menacer, mais arrête en revanche l’avancée française en Italie pour plusieurs mois. L’armée britannique ne parvient pas à coopérer avec l’armée hollandaise, encore largement épargnée par les conflits. A l’est, Louis II profite de la distraction offerte par les Mécontents hongrois et de la division de l’armée prussienne en partie envoyée aider Marlborough à l’est pour attaquer le Brandebourg par la Silésie, alors que Potocki entre en Prusse ducale. Louis II est arrêté in extremis par Frédéric Ier de Prusse à 80km de Berlin à la suite d’une bataille indécise, Louis II n’engageant que mollement le combat. Le but de la manœuvre consistait surtout à permettre à Potocki de conquérir l’Ermland et d’assiéger Könisgberg qui tombe peu avant novembre. Louis II se retire alors sur Poznań pour l’hiver.
    Les Anglais débarquent finalement Charles de Habsbourg à Barcelone en septembre 1705 après avoir pris la ville en profitant des inquiétudes catalanes vis-à-vis des projets de centralisation des Habsbourg. Cela n’arrête pas pour autant la France qui est entrée dans les Provinces-Unies et menace Amsterdam tout comme en 1672, et tout comme en 1672, les Hollandais inondent leur pays en rompant les digues de Muyden. L’hiver, précoce en 1705, apporte le gel, permettant aux Français de reprendre leur marche contre Amsterdam et la Haye qui sont assiégées au cours de l’hiver. Le ravitaillement par mer est difficile alors que le gros des récoltes a été inondé et que la flotte française se concentre au large de la Hollande. Les Anglais, largement engagés en méditerranée, ne peuvent secourir Amsterdam qui capitule mi-janvier 1706. Les alliés, sentant la situation désespérée, engagent les pourparlers.
    Les traités de Strasbourg et Vienne
    Par le traité de Strasbourg de 1707, la Lorraine devient un fief viager. Léopold Ier est maintenu sur son trône, mais doit céder le duché à la France à sa mort, peu importe sa descendance. La France récupère également Orange ainsi que toutes ses conquêtes sur la rive gauche du Rhin tandis que le Milanais voit un Bourbon monter sur son trône en la personne de Charles de France, duc de Berry. Philippe V est maintenu sur le trône d’Espagne qui conserve ses possessions dans les Pays-Bas et en Italie, il renonce à ses droits sur la couronne de France. En échange, les Bourbons français ainsi que l’ensemble des prétendants autrichiens renoncent à leurs prétentions sur la couronne d’Espagne.
    Le traité de Vienne de 1706 est signé entre l’Autriche et la Pologne et est un simple statu-quo ante bellum agrémenté de quelques indemnités payées par l’Autriche à la Pologne. Aucun accord n’est signé entre la Pologne et la Prusse.
    La Grande guerre du Nord (1700-1720) et l’opportunisme polonais (1708-1720)
    Le nord de l’Europe voit s’affronter une coalition menée par la Russie et le Danemark contre la Suède, avec pour intention de profiter de la faiblesse apparente du jeune Charles XII tout juste âgé de 18 ans pour reprendre les territoires perdues par ces puissances au cours du siècle précédent. Le début du conflit est favorable à la Suède qui contre les attaques russes et danoises avant de passer à son tour à l’offensive. Les Danois sont surpris par un débarquement suédois près de Copenhague, les forçant à une trêve, tandis que les Russes sont sèchement battus à Narva. Charles XII commet l’erreur de se tourner de nouveau contre le Danemark. Entre 1702 et 1706, la Suède multiplie les opérations dans le Schlesvig et la mer Baltique sans réellement aboutir au moindre résultat. Charles XII ne parvient pas à renouveler son débarquement surprise de 1700 et se retrouve à mener une guerre principalement maritime. Pendant ce temps, Pierre Ier refait son armée et se lance à la conquête de l’Ingrie, fondant Saint Petersbourg. Il ne parvient en revanche pas à prendre toute la Livonie suédoise défendue par Lewenhaupt. En 1707, Pierre Ier propose de rétrocéder tous les territoires l’exception de l’Ingrie, mais Charles XII refuse, préparant son armée à l’offensive contre la Russie.
    En parallèle, la Suède entame des négociations avec la Pologne, alors engagée dans la Guerre de succession d’Espagne et particulièrement contre la Prusse. La Russie fait de même. Engagée contre la Prusse, Louis II retarde autant que possible une nouvelle entrée en guerre. Les termes russes s’avèrent les plus intéressants, ceux-ci proposent de céder la Livonie et l’Estland suédois dans leur intégralité à condition que la Pologne les conquière par elle-même, en l’échange de l’engagement de l’armée polonaise aux côtés de l’armée russe. A la fin de l’année 1707, l’ensemble de la Prusse orientale est occupée et Potocki a rejoint Louis II dans le Brandebourg pour lancer une attaque décisive contre Berlin. La Prusse propose alors à la Pologne de revenir sur les termes du traité de Bromberg de 1659, qui mit fin à la suzeraineté de la Pologne sur la Prusse orientale. Sur cette base, le traité de Toruń réintègre la Prusse comme fief polonais qui reste néanmoins une possession Hohenzollern. Ce fief n’est toutefois pas dirigé directement par l’électeur de Brandebourg mais passe à son demi-frère Philippe Guillaume de Hohenzollern. Le traité interdit également que les deux territoires soient gouvernés par la même personne.
    Louis II fait discuter au Sénat au cours des années 1707-1708 les propositions émises par la Suède et la Russie. La Diète de 1708 vote pour la formation et le financement d’une seule armée au lieu des deux engagées aux côtés de la France. Louis II et Potocki en prennent la tête et marchent directement en Livonie. A ce moment de la guerre, la Suède est en pleine offensive contre la Russie. L’armée polonaise intercepte et défait des renforts suédois destinés à Charles XII à Lesnaya en septembre 1708, puis se lance dans la conquête de la Livonie. Mieux équipée en artillerie de siège que l’armée russe, les troupes polonaises conquièrent la région au cours de l’automne. Privé de ses renforts, loin de ses bases de ravitaillement, Charles XII est écrasé par les Russes à Hlukiv en juillet 1709 alors que la Pologne achève la conquête de l’Estland. Le roi de Suède fuit à Bachkisaray dans l’Empire ottoman. Pierre Ier demande à ce que Charles XII lui soit remis puis, face au refus de la Sublime Porte, envahit la Crimée. Ses troupes sont piégées par une armée ottomane et contraints de se retirer. Charles XII négocie un sauf-conduit jusqu’en Suède, que Pierre et Louis lui accordent. Espérant faire entrer l’Empire ottoman en guerre contre la Russie et la Pologne, Charles XII reste à Constantinople jusqu’en 1714 en tant « qu’invité » du Sultan puis, convaincu qu’il n’y parviendra pas, retourne en Suède. Les troupes en Poméranie suédoise défendent vaillamment Stralsund mais finissent par se rendre, tandis que la Russie occupe la Finlande. Le roi d’Angleterre Georges Ier, déclare à son tour la guerre à la Suède en sa qualité d’électeur de Hanovre, bientôt suivi par la Prusse en 1715. A la fin de l’année 1716, la Suède a perdu toutes ses possessions au sud de la mer Baltique, délaissant ce front pour une nouvelle offensive en Norvège contre les possessions danoises. La coopération de Charles XII avec les jacobites entraîne la déclaration de guerre du Royaume-Uni en 1717. Charles XII est abattu en 1718 lors du siège de Fredriksten. Sa sœur Eléonore lui succède mais refuse toute paix. La Russie lance de nombreux raids contre les côtes suédoises, réduisant quasiment tout Stockholm en cendres. La Pologne a quant à elle cessé ses opérations avec la conquête de Livonie et d’Estland, faute de flotte.
    La paix
    La conclusion de la paix se fait de manière très houleuse. Si les ambitions polonaises ne rencontrent pas d’opposition chez les autres coalisés, l’expansion russe cristallise en revanche de nombreuses craintes. Le Hanovre et la Prusse convoitent toutes deux l’hégémonie en Allemagne du nord avant de finalement se répartir les possessions suédoises, le Verder-Bremen revenant au Hanovre et une partie de la Poméranie suédoise à la Prusse. La Russie obtient finalement l’Ingrie, le Kexholm et une partie de la Carélie mais doit rendre le reste de la Finlande. La Pologne récupère comme convenu avec la Russie la Livonie et l’Estland, remettant ainsi la main sur des territoires perdus un siècle auparavant.

    La Pologne en 1720
  11. Rhysaxiel
    La Pologne sous Louis Ier Condé / Ludwik I Burbon-Kondeusz (1669-1689)

    Réformes politiques
    Le programme de Glogowa incluait une reprise en main du pouvoir par l’autorité royale, largement diminuée au cours du XVIe et XVIIe siècles. Condé, élevé en France, tente tout au long de son règle de présenter une synthèse entre l’absolutisme royal qu’il a connu auprès de Louis XIII et Louis XIV et la tradition républicaine de la Pologne. Selon ses propres mots, « La République ne peut avoir qu’une seule tête » et cette tête, le roi, doit être la seule à exercer ce que Montesquieu appellera plus tard le pouvoir exécutif. Il ne cherche pour autant pas à priver le Sénat et le conseil des ministres de leur pouvoirs respectifs. Ainsi, les lois et les nouvelles taxes sont toujours votées par des Diète qui se réunissent toujours de façon régulières, mais la déclaration de guerre, la signature de la paix ou l’attribution de charges se font, dès les années 1680, sans réunion du Sénat, par la seule Décision royale, nouveau principe basé sur le Senatus Consulta existant auparavant. Louis a également renforcé le rôle de la cour et l’attractivité de Varsovie en créant de nouveaux postes, offrant de nouvelles opportunités de carrière au sein de la capitale et, avec le soutien de la France, en réalisant de nombreuses dépenses somptuaires gonflant le prestige royal. Cela permit de lutter contre l’importance grandissante des réseaux de clientèle régionale des grandes familles, réseaux qui menaçaient d’éliminer purement et simplement l’autorité royale.
    L’armée est également modernisée, de nouveaux arsenaux construits et des ingénieurs et officiers sont appelés de France pour développer la poliorcétique au sein des écoles militaires, un art ayant cruellement fait défaut au sein des armées polonaises par le passé. Louis ne parvient toutefois pas à tout à fait éliminer les liens de clientèle ni à interdire les armées privées sur lesquelles les familles s’appuient. De même, il n’essaie pas de remettre en cause les restrictions quant à la promotion des étrangers dans l’armée, de peur de s’attirer les foudres de la noblesse déjà très échaudée par ces changements. Les réformes débutent au cours de l’année 1675, l’argument principal du roi étant la survie de la République après la période catastrophique du Déluge suédois de 1655-1660 qui, combiné au soulèvement cosaque débuté en 1648, à l’attaque de la Russie en 1654, à la guerre civile déclenchée par Lubomirski en 1665, puis à l’attaque ottomane en 1672 ont manqué de tout emporter. Les réformes sont votées par deux Diètes successives, en 1676 et 1680, donnant naissance à ce que les historiens polonais ont appelé la « Première Modernisation » de la Pologne. Condé a toutefois veillé à mettre fin aux deux conflits restants : contre les cosaques de la rive gauche et la Russie.
    La fin de la guerre russo-polonaise
    Une victoire décisive contre les Cosaques à Kamieniec en 1670 force ces derniers à demander la paix, qui est accordée selon les principes du traité d’Hadiach de 1658 : les cosaques se soumettent intégralement à la République (y compris la rive droite revendiquant son attachement à la Russie) en l’échange de l’enclenchement de réformes visant à faire de la Ruthénie une composante de la République similaire à la Pologne et la Lituanie, devant aboutir à une République des Trois Nations. Les combats contre la Russie ont lieu jusqu’en 1672, où la paix d’Androussovo est signée (historiquement une simple trève en 1667). La Russie abandonne ses revendications sur la rive gauche du Dniepr et les territoires cosaques correspondants et reconnaît la souveraineté polonaise sur l’Hetmanat cosaque en l’échange de la restitution du voïvode de Smolensk à la Russie. Au cours de ce conflit, Jean Sobieski, gentilhomme polonais marié à une Française, se distingue brillamment à la bataille de Podhacje et, à partir de 1672, devient de facto le commandant en chef des armées polonaises, avec la bénédiction du roi, alors que l’Empire Ottoman attaque à son tour la Pologne.

    (en rouge, le territoire « non perdu » sur les cosaques)
    La guerre turco-polonaise de 1672-1676
    Cette guerre n’est que l’aboutissement d’un conflit larvé avec comme principale zone de guerre les Plaines Sauvages du sud de l’Ukraine et comme catalyseur les rivalités entre Cosaques et Tatars. L’invasion de l’Ukraine par l’Empire ottoman en 1672 n’est pas une surprise, mais les troupes disposées dans la région sont dans un premier temps trop peu nombreuses pour résister durablement. Sobieski ordonne le repli vers Lublin, laissant après quelques combats retardateurs l’Empire ottoman prendre la forteresse de Kamieniec Podolski. A Varsovie, le roi intervient directement au Sénat pour obtenir la levée de taxes et de troupes pour repousser l’envahisseur. Soutenu par les propriétaires terriens de Ruthénie, notamment la riche famille Wisnioziecki, et plus généralement par les Ruthènes favorables au projet de République des Trois Nations, le Sénat fournit à Sobieski plusieurs dizaines de milliers d’hommes que le chef de guerre met en marche en 1673 contre les Turcs. Ceux-ci cèdent dans un premier temps les territoires conquis l’année précédente, avant d’être envahis à leur tour alors que les Polonais envahissent le Khanat de Crimée et la Moldavie, vassale des ottomans. Les Turcs demandent la paix alors que les Polonais atteignent la mer Noire et le village de Khadjibey. La paix signée à Żurawno, voit la Pologne accéder à la mer Noire par la cession du Yedisan tatare ainsi que l’obtention d’un accès libre au Dniestr dont la rive droite est contrôlée par la Moldavie voisine et au Dniepr dont la rive gauche est en Tatarie. Les territoires conquis sont largement inhabités, hormis sur les côtes et le long des fleuves, ce qui fait la fortune de plusieurs familles ruthènes venues acquérir ces terres dans les décennies qui suivent.

    (le Yedisan, région conquise par la Pologne en 1676)
    La Grande guerre Turque (1682 – 1699) et l’intervention polonaise (1683-1685)
    L’Empire ottoman, libéré de tout conflit avec la Russie, pose de nouveau ses yeux sur l’Autriche. Il trouve un allié de circonstances en la personne de Louis XIV, alors en pleine politique des Réunions, qui recherche des Etats susceptibles de maintenir la pression contre l’Autriche et le Saint Empire. Ainsi, la France soutient ouvertement les Mécontents de Hongrie. La Pologne fait également partie de ces Etats alliés de la France, mais après quelques mois de conflit, la perspective de gains contre l’Empire ottoman combinée à la fin de la politique française des Réunions conduit Louis à venir porter secours à l’Autriche, sans pour autant rallier la Sainte Ligue, formée en 1684 au nom du catholicisme contre la Sublime Porte.
    En 1683, les ottomans sont aux portes de Vienne dont ils font le siège à partir de juillet. L’armée impériale avait prévu la possibilité d’un assaut direct contre sa capitale, la ville est prête à soutenir le siège. Charles V de Lorraine, chargé de retarder l’avancée ottomane, est bousculé et bat en retraite en attendant les renforts devant d’Europe. Louis de Pologne envoie Sobieski à la tête de 60.000 hommes, tandis qu’une seconde armée menée par Louis en personne est mise sur pied pour une offensive en Moldavie. Lors de la bataille de Vienne, les troupes de Charles de Lorraine sont temporairement placées sous le commandement de Sobieski qui défait les Turcs et les poussent à lever le siège et se replier. Les armées impériales foncent alors en Hongrie avec, dans un premier temps, le soutien de Sobieski. Louis entre en Moldavie où les ottomans refusent le combat. A l’été 1684, le Pasha de Moldavie est renversé. Sobieski quitte la Hongrie pour attaquer la Transylvanie, autre royaume sous tutelle ottomane, tandis que Louis atteint le Danube avant l’hiver. Les Turcs, surpris que la Pologne ne se soit pas rallié à la Sainte Ligue, proposent alors de négocier la paix. Celle-ci est signée à Silistra et voit la cession de la Moldavie et de la Silistrie-Özi ottomane au nord du Danube à la Pologne. Il reconnaît également la souveraineté polonaise sur les Cosaques.

    Paix de Silistra.
    Le retrait polonais permet à l’Empire Ottoman de concentrer ses forces et contre-attaquer en Hongrie, mais le reste se de la guerre se déroule comme historiquement, l’influence ottomane dans les Balkans est largement entamée. L’Autriche récupère la Hongrie après le ralliement des Mécontents à l’Empereur, ainsi que la Transylvanie. Venise récupère également quelques territoires en Morée.
    Fin de règne et passation de pouvoir
    Les années suivant la Grande guerre turques sont des années de paix et de consolidation en Pologne, que le roi consacre au développement économique du royaume et à l’intégration de la Ruthénie. Les structures féodales en vigueur en Pologne persistent, mais le calme de ces dernières années permet la reconstruction des villages détruits par les Suédois, Tatares et Cosaques et le développement d’une petite classe moyenne urbanisée ainsi que d’un embryon d’industrie. Le potentiel minier de la Pologne est reconstitué, mais le pays reste avant tout un pays agricole, alors que les rendements du blé s’effondrent en fin de siècle. Le servage a toujours cours, et si le roi est parvenu à enrayer son développement, la paysannerie vit néanmoins dans une misère sans égal en Europe.
    Il prend sous son aile son petit-fils, Louis III de Bourbon-Condé, qu’il fait venir en Pologne l’âge de 10 ans en 1678. Il suit une éducation largement française par le biais de Pierre des Noyers, ancien secrétaire de Louise-Marie de Gonzague, français féru de sciences et définitivement installé en Pologne après la mort de la reine. Le roi met un point d’honneur à voir son successeur parler un polonais parfait et connaître en détails les grandes familles et l’organisation de la République. La vision de Louis est d’en faire principalement un roi de paix. Le jeune Louis est marié en 1685 à Louise Françoise, Mademoiselle de Nantes, dernière fille encore vivante de Louis XIV et de Madame de Montespan. La Diète d’élection, convoquée par Louis en 1687, voit sans la moindre surprise l’élection de son petit-fils, le roi ayant mis tout son crédit en jeu. La succession française est assurée.
    Louis Condé s’éteint en septembre 1689 (historiquement 1686 des suites de la petite vérole ou d’un épuisement généralisé). A l’issue de son règne, la Pologne est parvenue à se relever du Déluge suédois mais est encore un Etat fragile aux structures économiques et politiques archaïques et dont la volatilité de la noblesse est toujours une source potentielle de désastres. La frontière austro-polonaise s’étend désormais le long de la totalité des Carpates, tandis que la frontière turco-polonaise est réduite à quelques kilomètres le long du Danube et en Vallachie à l’ouest. A l’est, la frontière est nettement moins bien définie, avec encore de nombreuses approximations au sujet de la frontière avec la Russie et à cause mode de vie tatar qu’il est difficile d’enfermer derrière une frontière. A 21 ans, soit deux ans de moins que Henri de Valois, Louis II Condé devient roi de Pologne, le plus jeune de toute l’histoire de la République.
  12. Rhysaxiel
    1665 - 1668
    Lubomirski voit ses partisans le quitter les uns après les autres suite à cette cuisante défaite, renforcée par une nouvelle campagne de diffamation lancée par le pouvoir. Le Sénat a déjà accusé le maréchal de haute trahison et l’a condamné à mort en 1664, il publie maintenant ouvertement un document dans lequel Lubomirski s’engageait explicitement à soutenir l’élection du duc d’Enghien au trône de Pologne, document réel (= non forgé) que la cour a historiquement préféré garder secret. Lubomirski est finalement capturé par un de ses propres sbires qui espère une récompense et de l’avancement. Brisé par les années d’intrigues et de conflit, Lubomirski meurt en 1667 (historique) avant que sa sentence ne soit exécutée. Le soulèvement s’essouffle de lui-même et la noblesse rentre dans le rang en quelques mois.
    Une Diète exceptionnelle, convoquée en 1668, voit une partie des réformes proposées par la reine et la cour être votées. Le principe de l’élection d’un héritier du temps du vivant du roi, l’élection Vivente Rege, est adopté malgré une certaine opposition, calmée par le vote d’une amnistie générale, de l’abandon de l’enquête sur le meurtre du grand général de Lituanie Gosiewski (historiquement tué par des partisans de Lubomirski) ainsi que la paie des soldats, le motif initiale du soulèvement avant que Lubomirski ne le récupère pour son ambition personnelle.
    L’élection royale de 1668
    Six mois plus tard, Jean Casimir convoque une Diète d’Election pour assurer un héritier au trône de Pologne. La France abandonne son soutien au duc d’Enghien, de plus en plus en proie à des accès de rage et à la lycanthropie (historiquement, les crises arrivent un peu plus tard dans sa vie) et proposent alors la candidature du Grand Condé Louis, père d’Henri Jules et retourné en grâce auprès de Louis XIV. Les candidats sont dont Louis de Bourbon-Condé soutenu par la France, Frédéric de Hohenzollern, fils du grand électeur de Brandebourg Frédéric III, le tsarévitch Alexei, fils du Tsar Alexis Ier Romanov, ainsi que Charles de Lorraine, le fils du duc de Lorraine Charles IV soutenu par l’Autriche. La guerre russo-polonaise, qui dure depuis 1654, rendent caduques les chances d’Alexei, tandis que Frédéric de Hohenzollern est exclu en raison de sa foi protestante. Malgré des ralliements de dernière minute des partisans brandebourgeois au duc de Lorraine, celui-ci est à son tour exclu par peur que la Pologne ne subisse le même sort que la Bohême et la Hongrie, perspective redoutée par de nombreuses familles. Le candidat français est donc élu.
    Février 1669 voit le décès de Louise-Marie de Gonzague (historiquement 1667), deux fois reine de Pologne épuisée par de longues années de lutte politique et emportée par la maladie. Le roi Jean Casimir abdique comme prévu à l’été 1669, cédant le pouvoir à Louis de Bourbon Condé, « le Frondeur devenu Roi », premier roi français à monter sur le trône de Pologne depuis Henri de Valois en 1573. Claire Clémence de Maillé, duchesse de Fronsac, devient alors reine de Pologne.
  13. Rhysaxiel
    Uchronie polonaise
    Point de divergence : le soulèvement de Lubomirski
    Le soulèvement échoue, Louise-Marie de Gonzague fait aboutir une partie de son programme politique pour la Pologne.
    A partir de l’année 1661, le grand Maréchal de la Couronne Jerzy Sebastian Lubomirski, jusqu’alors soutient de la reine de Pologne, décide de s’opposer au programme politique dit de Glogowa que la reine défend. Ce programme prévoit notamment de faire élire un héritier à Jean II Casimir, l’actuel roi, avant sa mort, en opposition aux lois du royaume. La reine souhaite ainsi faire élire le duc d’Enghien, Henri-Jules de Bourbon-Condé ou éventuellement son père, le Grand Condé, et compte sur le soutien de la France pour réussir. Le projet prévoyait aussi l’abdication de Jean Casimir sitôt l’élection faite.
    Jusqu’en 1665, Lubomirski intrigue, provoque un soulèvement de l’armée qui paralyse les institutions et la cour de la République, poussant le pouvoir royal à négocier. La reine décide, avec le soutien de la France, d’employer la force mais, historiquement, l’armée royale est battue à Matwy par les confédérés et la reine doit renoncer intégralement à son projet. L’uchronie a comme point de départ la bataille de Matwy et une victoire royale à l’issue de celle-ci.
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